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Combien de noms chantants je voudrais dire encore,
Que mon oreille, hélas ! n’a pas tous retenus !...
Tant d’autres fleurs dont la montagne se décore
Mêlent à son odeur des baumes inconnus!...

Tant d’autres fleurs !... On les retrouve, on les devine,
On sent confusément leur souffle essentiel
Et que leur toute petite âme humble et divine
Vient rôder jusqu’à nous par les chemins du ciel.

Toutes sont là dans cette odeur mystérieuse,
Et les brins d’herbe y sont présents comme les fleurs...
L’une secoue au vent sa clochette rieuse;
Cette autre, la rosée y prolonge ses pleurs.

Cette autre encor semble un baiser qui vous attire,
Et la bouche s’entr’ouvre, ardente à s’approcher...
On croit les voir en même temps qu’on les respire;
Sur celles qu’on préfère on voudrait se pencher.

Tout cela, tout cela vous trouble, vous pénètre,
Vous emplit d’un étrange et brusque enchantement,
D’on ne sait quelle ivresse où l’on se sent renaître
Pour aimer la nature avec des yeux d’amant.

Les mêmes fleurs, sous d’autres cieux, n’ont point ce charme…
Est-ce d’errer sans cesse à l’entour de la mer
Que tu semblés parfois te mouiller d’une larme,
Odeur de l’Estérel, ô parfum doux-amer ?...


II. CHAQUE JOUR...


Douceur d’écrire, avec les mots de chaque jour,
Un petit livre simple où tiendrait tout l’amour,
Comme tient un jardin dans un bouquet de roses !...
Car l’amour n’est si grand que de petites choses,
Les amants trop fougueux en ont bientôt l’ennui
Et les plus humbles cœurs sont les plus pleins de lui.