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POÉSIES




I. L’ODEUR DE L’ESTÉREL


Odeur de l’Esterel au printemps, douce et forte,
Qui t’a connue un jour ne t’oubliera jamais !…
Le vent frais, dans l’air chaud, t’apporte et te remporte
Des sommets à la mer, de la mer aux sommets.

Délicieuse odeur où l’on sent, confondues,
Mais chacune gardant son arôme distinct,
Fleurs d’ombre ou de soleil aux rochers suspendues,
Les touffes de lavande et les bouquets de thym,

Et vous, le romarin et toi, la marjolaine,
Dont le si joli nom plaît tant aux amoureux,
Et vous aussi, les violettes de la plaine,
Qui vous aventurez dans les sentiers pierreux,

Et vous, les genêts d’or, vous, les bruyères blanches,
Et, dans la brousse abrupte où vont les chevriers,
Vous tous, quand les pins même ont des fleurs à leurs branches,
Les cystes résineux et les genévriers,

Et le buis maritime à la verdure grise,
Et l’euphorbe, et l’iris sauvage, par endroit,
Et les lauriers-amande et les lauriers-cerise,
Les lauriers-rose, et l’asphodèle svelte et droit…