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REVUE SCIENTIFIQUE

LES MERVEILLES DE LA TÉLÉPHONIE SANS FIL

C’est une habitude assez répandue dans les salons et même dans les cabarets de se demander, à propos de tous les problèmes petits et grands qui nous assaillent : « Qu’aurait fait Napoléon dans ce cas? » À cette question chacun répond selon la pente de ses préférences, mais tous sont d’accord pour penser que Napoléon eût résolu la plupart des questions dont nous sommes harcelés avec plus d’esprit peut-être, et plus de vigueur à coup sûr que n’en montrent les maîtres de nos destinées. Il n’eût eu, sur la plupart des points, ni leurs étonnements, ni leurs illusions, ni leur incapacité de prévoir.

Il est pourtant un domaine où le « Corse aux cheveux plats » se trouverait tout bouleversé de surprise s’il revenait aujourd’hui parmi nous : c’est celui de la science et surtout celui de ses applications; car pour la première, il ne la prisait qu’en fonction de son utilité, et, au surplus, en tant qu’outil de pur savoir, il l’eût volontiers rangée parmi ces idéologies qu’il prétendait mépriser parce qu’il les redoutait secrètement.

Si donc le vainqueur d’Austerlitz revenait parmi nous, il serait assurément étonné de nous voir faire tant de sacrifices polis au maintien de notre éternelle amitié avec les Anglais ; il le serait plus encore, — supposé que Joséphine ait pris part à ce voyage de retour et de résurrection, — s’il entendait l’impératrice Joséphine lui parler à mille lieues de distance.

Qu’une telle conversation fût possible par le moyen d’un câble de métal posé entre leurs deux résidences, cela déjà eût étonné le conquérant, et c’est ce que réalise notre téléphonie ordinaire.