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le petit grillage de la lampe est alternativement chargé d’électricité positive et de négative, moins de un million de fois par seconde. Donc le courant qui, grâce aux électrons, passe dans le circuit filament pile plaque, peut suivre facilement toutes les fluctuations du courant de T. S. F. du petit grillage intermédiaire. En branchant sur ce circuit une source d’énergie électrique, il permet d’amplifier autant qu’on veut, tout en les suivant fidèlement, les fluctuations électriques de l’antenne.

Autrement dit, la lampe à trois électrodes est une sorte de relai amplificateur et instantané permettant de multiplier autant qu’on veut l’énergie des ondes radiotélégraphiques à la réception. Il permet de les multiplier de même à l’émission, car il est clair que le dispositif qui vient d’être décrit pourra tout aussi bien servir de relai amplificateur pour transmettre à une antenne émettrice des courants faibles qui le traversent, par exemple des courants microphoniques.

Les relais connus auparavant, tels que le relai des appareils télégraphiques ordinaires, — que chacun peut voir dans les bureaux de poste, — n’auraient rien pu faire de pareil à cause de leur inertie, de leur lenteur qui les condamne à l’immobilité en présence des alternances extrêmement rapides des ondes hertziennes. Car avant que ces relais-là aient eu le temps de bouger, les ondes auraient eu le temps de changer maintes fois de sens.

On comprend maintenant pourquoi la lampe à trois électrodes, le relai électronique, a multiplié les portées en radiotélégraphie et radiotéléphonie. Les courants les plus faibles et leurs fluctuations peuvent être grâce à lui multipliés autant de fois qu’on veut et transmis fidèlement tant à l’émission qu’à la réception.

Supposons en effet qu’un relai électronique, mis en circuit sur une source d’énergie convenable, multiplie par dix l’intensité des courants qu’il reçoit. Si on reçoit cette intensité déjà décuplée dans un second relai électronique identique au premier, elle se trouvera de nouveau décuplée, c’est-à-dire centuplée par rapport à sa valeur initiale. C’est ainsi que, dans l’expérience de téléphonie sans fil que j’ai décrite ci-dessus, les ondes modulées sur la voix de Mlle B... étaient reçues dans la salle du banquet par une antenne mise en circuit sur une demi-douzaine de lampes à trois électrodes placées en série, de manière (rue l’intensité à l’arrivée se trouvât multipliée par 1 million, et qu’une salle entière pût entendre la voix de la cantatrice chantant à quelque 50 kilomètres de là.