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convictions, je ne dis pas que ce soit un personnage introuvable ; non, je ne le dis pas et je ne le pense pas ; mais c’est tout de même quelqu’un qu’on n’a pas, tous les jours, la bonne fortune de rencontrer.

Il faut, du reste, convenir que les appréhensions de M. André Lefèvre sont, en trop grande partie, justifiées. N’est-ce pas Maximilien Harden qui écrivait ces jours-ci dans la Zukunft : « Le chef de l’armée allemande et, avant lui, le chancelier ont fait appel à l’armement pour la vengeance; le président de l’Empire a glorifié la vieille armée qui, a-t-il dit, n’a été vaincue par aucun ennemi. La nouvelle armée, pour laquelle un empire banqueroutier a la hardiesse de dépenser cinq milliards par an et 50 000 marks par homme, regorge de sous-officiers; elle nomme un officier par vingt soldats, héberge la quintessence des plus fines personnalités militaires, et se trouve sous la conduite d’un ministère de la Guerre qui comprend cinq cent cinquante « fonctionnaires, » par conséquent toute la clique des sections du Grand État-major... Des troupes de police? Non; c’est, sous le couvert du traité de paix, le noyau d’une armée propre à entreprendre une grande guerre. »

Sans doute, M. Georges Leygues a indiqué à la Chambre que l’Allemagne a détruit vingt-huit mille canons et en a livré trente mille ; qu’elle a détruit cinquante mille mitrailleuses et en a livré soixante-cinq mille; qu’elle a détruit deux millions cinq cent trois mille armes portatives et en a livré deux millions cinq cent quatre-vingt-sept mille. Mais il a loyalement ajouté que l’Allemagne éludait ses obligations chaque fois qu’elle le pouvait et qu’il restait certainement des armes cachées en Allemagne; et MM. Barthou et Léon Daudet ont donné, à cet égard, des renseignements qui concordent avec ceux de M. André Lefèvre. L’état d’esprit de l’Allemagne se révèle, d’ailleurs, par une multitude de symptômes. Avez-vous jamais rien lu de plus insolent que la réponse du Reich à la note que lui avaient adressée les Alliés pour se plaindre des discours prononcés par les ministres allemands dans la zone occupée? Comparez, une fois de plus, avec la période qui a suivi la guerre de 1870 et demandez-vous ce qui se serait passé, si Thiers était allé narguer les Allemands à Nancy ou s’il avait écrit à Bismarck sur le même ton que M. Fehrenbach aux Gouvernements britannique et français.

Goûtez, je vous prie, ce simple parallèle : « C’est dans les territoires occupés que ne cesse de se manifester, de la manière la plus brutale, l’impossibilité d’exécuter le texte dicté à Versailles Que nos voisins de l’Ouest se le tiennent pour dit : ce n’est pas avec leurs