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réfléchir sur l’appui français, et j’aurai développé chez nous d’idée d’un rôle à reprendre.

Je vous demande que vous me permettiez de vous donner des documents, et d’abord je tiens à bien marquer les temps ; c’est de cette manière que cette histoire de la charité sur le Rhin fournira son enseignement. Il faut connaître toute la marche, les avances et les reculs d’une initiative qui vient de la France. Qu’est-ce que nous voulons de ce cours ? De l’agrément littéraire ? La matière peut en fournir, si elle est traitée avec simplicité et vérité, et accueillie avec sympathie. Mais nous cherchons avant tout un sentiment net, une vue éclairée de nos rapports avec la Rhénanie. Il faut donc ranger et échelonner selon leur succession exacte tous ces faits, qui recevront de cet ordre leur sens et leur vie. Nous allons étudier la charité rhénane du temps des préfets, — puis après les préfets jusqu’en 1848, — et enfin de 1848 à 1870, — pour conclure après 1870.

Du temps des préfets français. — C’est de Trêves, la vieille ville romaine, alors capitale du département de la Sarre, que va partir tout le mouvement. Au lendemain des troubles et des guerres révolutionnaires, le nombre des pauvres s’y était considérablement accru. Deux mille, affirme une statistique de l’époque. Chiffre énorme, pour une population qui n’était alors que de neuf mille âmes.

Un bureau de bienfaisance fut organisé le 7 avril 1798 par l’administration française, qui lui donna un budget particulier et lui assura des ressources ; Organisation si solide que, par la suite, il n’y eut pas à la changer. C’est ce que dit Kentenich à la page 775 de son Histoire de Trêves, et il ajoute : « Sans cet héritage de l’époque française, les habitants de Trêves se seraient trouvés en présence de grosses difficultés… » Voilà trois ligues qui nous dispensent de plus d’explications et que je me borne à enregistrer, avec l’assurance qu’aucun auditeur ne manquera d’en faire des réflexions.

Le 9 octobre 1804, Napoléon vint à Trêves. Il examina la situation, et ce bureau de bienfaisance ne lui suffit pas. Du son palais impérial, sur place, immédiatement, il décrète que Trêves disposera des bâtiments du couvent Saint-Irmin situé au bord de la Moselle, ainsi que des jardins qui l’entourent,