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Il y a dans cette société de Coblence, auprès de Joseph Goerres et de Clément Brentano, un homme tout à fait remarquable, énergique, opiniâtre, infatigable, le conseiller municipal Hermann Joseph Dietz, un fabricant de quincaillerie. Puisqu’il est l’ami de Goerres et de Brentano, je dois le croire l’ennemi des Français, mais venu à la vie en 1782, il s’est formé à notre école. C’est lui qui va continuer, aussi bien qu’il pourra, l’œuvre de Lezay-Marnesia. On l’appellera plus tard « le père des pauvres. » Et pour commencer, le voilà trésorier du Comité de secours de 1817, et qui clôt ses opérations, sa loterie, ses quêtes, ses distributions de secours par un excédent de soixante mille francs. Que faire de cette somme ? Les bâtiments de l’abbaye de Maria Laach sont inoccupés. Goerres se rappelle que Napoléon a donné à la ville de Trêves le couvent de Saint-Irmin pour y fonder un hôpital de pauvres, et le couvent des Augustins pour un asile de refuge ; à la ville de Coblence, l’ancien couvent de Franciscains pour un hôpital des pauvres ; à la ville de Sarrelouis les bâtiments de l’ancien hôpital militaire pour un hôpital civil ; à la ville d’Aix-la-Chapelle le couvent des Carmélites pour un hôpital civil et une maison de pauvres. Il sollicite du roi de Prusse qu’il lui permette d’installer à Maria Laach une école d’arts et métiers pour orphelins. Ce local que Napoléon eût donné et doté, Goerres et Dietz obtiennent de le louer, et tout de suite y installent quinze petits orphelins.

Réjouissons-nous, la pensée de nos philanthropes français continue de vivre sur le Rhin, et dans le même temps la pensée de nos religieuses de Saint-Charles se propage. Il n’y a pas loin de Trêves à Coblence, au fil de la Moselle. Les dames de Coblence ont vu ce que faisaient les religieuses à Trêves. A leur exemple, elles forment une association. Dietz est leur secrétaire. Leur première idée a été de combattre la disette ; ce mauvais temps passé, elles demeurent constituées au service des pauvres : l’exemple de nos Françaises de Trêves leur enseigne comment instruire, consoler et soulager les malheureux. Elles fondent une école gratuite pour les petites filles sans ressources. Celles-ci porteront une robe à raies grises et la coiffure ronde des paysannes de la Moselle. On a choisi ce costume populaire afin de maintenir chez ces enfants « le goût des anciennes mœurs, » et pour les « détourner des nouveautés de la mode. » Je recueille cet humble détail, parce qu’il s’harmonise avec ce