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La grande nouveauté française d’alors, c’est la Société de Saint-Vincent-de-Paul et les Dames de Sainte-Elisabeth.

La Société de Saint-Vincent-de-Paul, qui dans ses origines, à Paris, n’avait été que l’accord de quelques étudiants pour visiter des pauvres à domicile, quand elle eut ses statuts et commença de se répandre à travers le monde, ne pouvait passer inaperçue de nos Rhénans toujours aux aguets des initiatives de la charité française. Au Congrès catholique de Mayence, en 1848[1], Auguste Reichensperger la signala avec force. Il fut entendu, et, dans toutes les villes du Rhin, des sociétés de Saint-Vincent-de-Paul se créèrent.

En voici une à Trêves, sous la présidence du docteur Ladner, et, dans le même temps, une société des Dames de Sainte-Elisabeth. Elles se signalent immédiatement par leur efficacité, au cours de la terrible épidémie de choléra qui dévaste Trêves en 1849. Un chroniqueur local note le succès de leurs appels : « De nombreux membres de la corporation des boulangers s’engagèrent à distribuer gratuitement plusieurs livres de pain par semaine. Les mairies et les communes tirent des collectes. D’immenses quantités de pommes de terre, de grains, de haricots, de lentilles, de paille furent envoyées des campagnes. »

A Cologne, le petit cercle charitable que nous avons vu se constituer obscurément et presque en secret dans la maison de Sibylle Merlo, se transforme, dès le printemps de 1849, en Association de Sainte-Elisabeth, et c’est Louise Hensel qui la préside. Et bientôt, à côté de ces dames, dans la seule ville de Cologne, voici deux conférences de Saint-Vincent-de-Paul. L’archevêque Geissel les soutient puissamment. Elles se déploient dans tous les ordres de la bienfaisance et de l’assistance. Notamment elles développent les « Sociétés de compagnons » fondées par l’abbé Kolping pour secourir les ouvriers rhénans qui vont de ville en ville et jusqu’en France exercer leur métier. Et toujours avec tant de succès que le Conseil central de Paris élève la section de Cologne au rang de comité provincial pour les pays du Rhin,

  1. L’Association catholique allemande, qui avait organisé ce premier congrès catholique allemand, écrivit à notre Association catholique pour la liberté religieuse : « Nous suivons complètement le généreux exemple que nous ont adonné les catholiques de France. » Et le compte rendu de ce Congrès déclare que « Mayence fut une des premières villes, en Allemagne où se propagea le grand mouvement venu de France. » (Confirmation que me communique M. Georges Goyau).