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formidables, qui établissent le développement prodigieux de l’industrie métallurgique et minière, sur la rive gauche, depuis 1870. Des villages sont devenus des villes, et de la frontière belge au Rhin, d’Aix-la-Chapelle à Cologne, les usines et les cités ouvrières se succèdent sans interruption. Avec l’essor économique va de pair l’essor des œuvres de protection sociale : cités=jardins, caisses d’assurance, hôpitaux, coopératives. Et tout cela, l’œuvre du régime bismarkien… Sans doute, mais à des appels plus profonds, quelque chose de tout différent de la Prusse répondrait. Dans cette richesse et ce débordement de vie industrieuse, s’expriment avant tout des dispositions autochtones : le goût de l’effort, l’application, l’attachement au métier. Et c’est la France qui, au début du XIXe siècle, a mis en mouvement et en forme cette belle et bonne matière rhénane, alors immobilisée dans des formes surannées. C’est la France qui gît au cœur de toutes les institutions commerciales et industrielles du Rhin, et qui, invariablement, se retrouve à l’origine de ces puissantes manifestations.

Parlons clair, et posons la formule que nous allons justifier : ce sont les administrateurs français, à l’aube du XIXe siècle, qui ont, les premiers, compris les belles qualités laborieuses du peuple rhénan, qui les ont harmonieusement groupées et qui surent leur donner une valeur utile et humaine.

Ah ! ces administrateurs, quel honneur ils font à notre race ! Ils appartiennent à cette série de grands Français réfléchis qui, fût-ce en dehors des cadres politiques, donnent sa solidité et son armature à notre nation. Des intelligences claires, précises et larges (larges, c’est-à-dire généreuses, humaines). Sur les territoires qu’ils ont à gérer et qu’ils animent d’une vie puissante, ils déploient des talents d’une telle sorte qu’on peut les nommer des vertus. Leur caractéristique me semble qu’ils sont des faiseurs de calme. Si vous voulez les comprendre et les situer, considérez qu’ils sont apparentés aux grands intendants et diplomates royaux, au milieu desquels se détachent un Colbert, un Turgot, un Vergennes, ou, plus près de nous, aux Faidherbe, aux Gallieni et aux Lyautey. Nous aurions le plus grand intérêt à faire connaître à l’étranger et à méditer nous-mêmes l’œuvre et la vie de ces préfets impériaux en Rhénan à Jean Bon Saint-André, Lezay-Marnesia, Ladoucetteet Kepler. Que n’avons-nous un bon livre total, plein de documents publics et privés, sur