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ces hommes exemplaires ? Ce livre, je le demande aux Alsaciens et aux Lorrains qui m’entendent et qui trouveront sur place les documents, puisque Lezay-Marnesia est le fils d’un capitaine au régiment royal de Metz, Ladoucette le descendant d’avocats à la cour souveraine de Nancy, et Kepler un enfant d’Andlau.

Sous l’administration de ces hommes supérieurs, ce fut au début du XIXe siècle un essor merveilleux de l’industrie, du commerce et de l’agriculture sur le Rhin. Les historiens français et allemands nous en donnent le tableau. Ils nous montrent la multiplication des fabriques et des usines, dans le bassin de la Sarre et dans la basse vallée du Rhin : fabriques de drap à Aix-la-Chapelle, manufactures d’étoffes de soie et de velours à Crefeld, fabriques de toiles à Gladbach, fabriques d’aiguilles et d’épingles à Borcette, fabriques de laiton à Stolberg ; ils nous décrivent la prospérité des paysans dans les vallées fertiles du Palatinat, dans les riches plaines du Rhin, et l’activité des ports francs de Mayence et de Cologne ; ils évoquent Napoléon constructeur de routes et de canaux. Mais ce n’est pas notre affaire de reproduire des témoignages que l’on connaît par ailleurs ; notre affaire, c’est d’avancer dans l’intelligence de ces populations et de comprendre comment elles furent amenées à ce degré de prospérité, comment, sous le régime français, l’application au travail des Rhénans se trouva éduquée, coordonnée et mise en train.

Nous ne cherchons pas à décrire le perfectionnement technique, mais l’événement moral, l’étincelle qui témoigne d’une affinité réelle. Nous cherchons l’institution qui dure, l’organisme fécond qui se perpétue sous des dominations diverses, nous cherchons surtout les grandes directions éternelles, la semence qui continue de germer à travers les fortunes diverses du pays. Penchons-nous sur la Rhénanie à l’œuvre, sur l’ensemble de ses organisations économiques et sociales ; nous saurons découvrir à travers une activité industrieuse le goût de la liberté du travail et l’attachement au petit coin de terre, oui, l’amour du bel ouvrage, le souci de la bonne qualité, qu’ont enseignés aux Rhénans les préfets et les ministres napoléoniens, et surtout nous saurons évoquer dans les Chambres de commerce fondées par la France sur le Rhin, la grande pensée et 1P grand principe organisateur de nos économistes et de nos administrateurs.