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entre Brême, Rotterdam et Cologne, par des bateaux allemands de 500 tonnes de la Compagnie « Neptun. » Aujourd’hui plusieurs sociétés anglo-hollandaises[1] se sont substituées à la compagnie allemande pour le même service, qui maintenant aboutit à Londres. Le gros effort anglais se porte sur le développement du port de Cologne. Les banques installées dans ce grand centre cherchent, avec l’appui des autorités d’occupation, à multiplier les affaires anglaises ou anglo-allemandes de toute nature. Cologne doit devenir le plus important port d’échanges anglo-allemand, le foyer rayonnant de l’influence économique et politique de l’Angleterre dans l’Allemagne de l’Ouest.

Pour compléter son emprise sur la vie économique des pays germaniques, certains Anglais ont rêvé de transformations qui concrétiseraient dans l’état politique de la nouvelle Allemagne les essais de collaboration économique entre les deux empires naguère ennemis ; on organiserait dans l’Ouest une république allemande des ports, dans l’Est une république anglo-allemande de Dantzig. La naissance d’une république rhénane, conception française qui ne fait que traduire les vœux des populations allemandes des deux rives du Rhin, s’est heurtée à l’opposition des représentants de la Grande-Bretagne ; mais, en même temps, on jetait discrètement les jalons d’une combinaison qui aurait placé les bouches des fleuves sous l’influence de la Puissance maîtresse des mers. Tandis qu’éclatait à Berlin, sous l’œil bienveillant du général Malcolm, le coup d’État réactionnaire et militariste de von Kapp, à Cologne, quelques Anglais en profitaient pour faire entendre aux Rhénans que l’heure serait favorable pour réaliser une république du Rhin inférieur qui engloberait les deux rives du fleuve depuis Bonn jusqu’à la frontière des Pays-Bas, la Westphalie, le Hanovre, — où subsistent, comme un legs de l’époque où la même dynastie régnait sur les deux pays, des sympathies pour l’Angleterre, — le Oldenbourg, c’est-à-dire les bouches du Weser avec Brème, peut-être même Hambourg avec les bouches de l’Elbe et le canal de Kiel. L’échec de la tentative de Berlin ne permit pas au projet de Cologne de se développer. Dans quelle mesure répondait-il aux desseins du cabinet de Londres, il est difficile de le dire ; il est probable que l’initiative appartint à des personnages

  1. Notamment la London-Köln Scheepvaart Maatschappij, la London-Köln Navigation C°.