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C’est avec un instinct très juste que l’opinion russe semble s’intéresser beaucoup plus à la bataille de la Marne qu’aux victoires de Galicie. Tout le sort de la guerre se joue, en effet, sur le front occidental. Que la France succombe, et la Russie est obligée de renoncer à la lutte. Les combats de la Prusse orientale m’en apportent chaque jour une preuve nouvelle. On y voit que les Russes ne sont pas de taille à se mesurer avec les Allemands, qui les écrasent par la supériorité de l’instruction tactique, par la science du commandement, par l’abondance des munitions, par la richesse des moyens de transport. En revanche, les Russes paraissent à égalité vis-à-vis des Austro-Hongrois ; ils ont même l’avantage pour l’élan et la ténacité au feu.


Jeudi, 10 septembre.

A l’Est de la Vistule, aux confins de la Galicie septentrionale et de la Pologne, les Russes ont rompu la ligne ennemie entre Krasnik et Tomaschow. Mais, dans la Prusse orientale, l’armée du général Rennenkampf est en désarroi.

De France, les nouvelles sont satisfaisantes. Nos troupes ont franchi la Marne entre Meaux et Château-Thierry. Devant Sézanne, la Garde prussienne a été rejetée au Nord des marais de Saint-Gond. Si notre aile droite, qui forme « charnière » et qui s’étend de Bar-le-Duc à Verdun, tient ferme, toute la ligne allemande va se disloquer.


Vendredi, 11 septembre.

Victoire ! Nous avons gagné la bataille de la Marne ! Sur tout le front, les armées allemandes se retirent vers le Nord ! Paris est désormais hors d’atteinte ! La France est sauvée !…

Les Russes sont victorieux aussi, entre Krasnik et Tomaschow. Les forces austro-hongroises, augmentées des renforts allemands, s’élevaient à plus d’un million d’hommes ; l’artillerie comptait plus de 2 500 canons. En revanche, l’armée du général Rennenkampf a dû évacuer la Prusse orientale ; les Allemands occupent Suwalki.