Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 62.djvu/115

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
113
L’ŒUVRE DE LA FRANCE EN SYRIE.

Haut-Commissaire, le général Gouraud. Le « vitrail syrien » acquiert donc ainsi toute la solidité de son « plomb français » et n’encourt pas la fragilité d’une vaste verrière d’un seul tenant, trop hâtivement montée parmi tous les ouragans. Mais le vitrail garde intacte l’ampleur du dessin de son sujet : n’est-ce pas ce qui importe le plus au développement du pays et à sa prospérité ? Il est probable que l’avenir verra tous les États constitutifs de la Syrie, existant déjà ou à créer, se réunir encore plus effectivement entre eux, sous l’égide française. Mais ils agiront alors en ayant pris conscience de leur existence propre, et mesuré quelles doivent être les modalités de cette union. En attendant, ils gardent tous les avantages, et des autonomies reconnues et de l’unité économique de l’ensemble du pays, qui est d’ores et déjà un fait acquis.

Ce qui importe aujourd’hui avant tout, c’est de poursuivre l’organisation du mandat français dans la forme du projet déposé en décembre 1920 sur le bureau de la Société des Nations, conformément à l’article 22 de la première partie du pacte. La Puissance mandataire a d’ailleurs charge d’élaborer, dans un délai de trois ans à dater de l’entrée en application de son mandat, un statut organique qui sera préparé d’accord avec les autorités locales, en tenant compte des intérêts et des désirs de toutes les populations habitant le territoire. Cette collaboration est le vœu de tous les Français, comme elle est celui des Syriens, et le Haut-Commissariat du Levant, en dépit de mauvais bruits contraires, a constamment manifesté et prouvé sa ferme volonté d’y faire appel.

Le général Gouraud a tenu déjà à entrer largement dans cette voie. Peu après son arrivée à Beyrouth, il créait auprès de l’administrateur en chef de la zone Ouest un conseil privé composé de Syriens, qui venait s’ajouter au Conseil administratif libanais préexistant. Peu après, il rappelait les officiers qui avaient été installés comme contrôleurs auprès de certaines autorités administratives du Liban ; supprimant ensuite le titre de gouverneurs, donné par les Anglais à certains de nos officiers placés à la tête des circonscriptions administratives importantes, il le remplaça par celui de « conseillers, » qui indique par son simple énoncé combien leurs fonctions doivent être exemptes de toute intervention directe dans les affaires. Dès que les circonstances l’ont permis, enfin, l’organisation donnée aux États