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successivement régné sur son sol. Il suffit de citer ici les noms illustres de Palmyre (Tadmur) construite par Salomon et détruite par Nabuchodonosor, devenue romaine grâce à Adrien, Palmyre qui fut la ville fameuse de Zénobie, au règne de laquelle Aurélien mit fin en 272, qui fut enfin prise et détruite par les Turcs en 1519, et dont il ne reste depuis que les ruines, qu’a célébrées Chateaubriand ; Balbeck, l’étape célèbre des routes du Nord vers Tyr et Sidon, florissante sous l’empire d’Alexandre, devenue l’Héliopolis grecque et une colonie romaine sous Auguste. C’est de cette époque que datent les monuments uniques qui remplacèrent ceux que la civilisation précédente avait consacrés au culte de Baal.

Les ruines phéniciennes, les inouis châteaux francs encore debout sur les sommets les plus escarpés méritent que l’on fasse pour les visiter les excursions les plus lointaines. Les grands voyageurs du passé qui ont accompli ces voyages nous en ont laissé des descriptions restées célèbres dans la littérature française et signées : Chateaubriand, Lamartine, Gérard de Nerval, Vogüé, pour ne citer que les plus illustres. Il commence heureusement à être fait en France un effort sérieux, auquel le Touring Club veut bien s’intéresser, pour déterminer l’afflux de voyageurs en Syrie et au Liban et y rendre le séjour agréable et confortable. L’attrait du pittoresque concourt donc avec la richesse du sol pour nous attirer au Levant.

Les chiffres cités permettent d’affirmer sans exagération qu’il s’y trouve, dans les plaines d’Alep qui furent un des greniers de Rome, dans celles de la Haute Mésopotamie, du Hauran et de Damas, aussi bien que dans la région côtière, une place de premier ordre pour associer à ceux du pays nos capitaux, nos ingénieurs, nos techniciens, nos commerçants.

Sans doute, en même temps que les plus beaux espoirs, de nombreuses difficultés nous attendent. Qu’il suffise de les énumérer ici, tant pour aider à les résoudre que pour garder chacun d’un trop facile engouement. Le premier problème est celui de la main-d’œuvre, à laquelle il faut suppléer par le large emploi de la motoculture, dans un pays qui est insuffisamment peuplé. On compte, en effet, 53 habitants au kilomètre carré dans la partie côtière et beaucoup moins pour la zone intérieure, sans qu’il soit possible de donner une évaluation plus précise. On compte, pour l’ensemble de la population