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LA PENSÉE RELIGIEUSE
DE
JOSEPH DE MAISTRE
D’APRÈS DES DOCUMENTS INÉDITS

1774-1792

Cent ans ont passé depuis la mort de Joseph de Maistre, cent ans au cours desquels les aspirations de ce laïc, développées dans le livre du Pape, furent ratifiées, au concile du Vatican, par l’épiscopat de l’univers. Son action religieuse est connue ; sa personnalité religieuse demeure discutée. Aux alentours de 1860, Edmond Scherer disait de lui : « Il raisonne sur des prémisses posées par l’autorité... Jamais il n’a réellement cherché à pénétrer le dogme traditionnel, à se l’adapter, à se l’approprier, ne fut-ce que par l’intelligence... Comme il n’y a rien de sain, de calme, d’édifiant dans sa dévotion, il n’y a rien non plus de personnel, d’intérieur, de moral, dans ses convictions [1]. » Ce jugement laissa derrière lui toute une traînée de suspicions ; et peu à peu, au sujet de Maistre [2], les points d’interrogation se multiplièrent. L’auteur du Pape et des Soirées,

  1. Mélanges de critique religieuse, p. 283, 287, 293.
  2. Respectant comme un testament le désir qu’exprimait Joseph de Maistre dans une lettre à M. de Syon « Œuvres, XIV, p. 243), nous dirons : Maistre, non De Maistre.