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Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 62.djvu/577

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de son rêve séculaire. Aussi, ma décision est prise, monsieur l’ambassadeur. Je résoudrai radicalement le problème de Constantinople et des Détroits. La solution que je vous ai indiquée au mois de novembre est la seule possible, la seule pratique. La ville de Constantinople et la Thrace méridionale devront être incorporées à mon Empire. J’admettrais d’ailleurs, pour l’administration de la ville, un régime spécial qui tînt compte des intérêts étrangers... Vous savez que l’Angleterre m’a déjà fait connaître son acquiescement. Si toutefois quelque difficulté de détail surgissait, je compte sur votre Gouvernement pour m’aider à l’aplanir.

— Puis-je affirmer à mon Gouvernement, Sire, que, pour les problèmes qui intéressent directement la France, les intentions de Votre Majesté n’ont pas changé non plus ?

— Assurément !... Je souhaite que la France sorte de cette guerre aussi grande et aussi forte que possible. Je souscris par avance à tout ce que votre Gouvernement peut désirer et notamment à toutes les sauvegardes politiques ou militaires qu’il croirait devoir s’assurer dans les pays rhénans.

Puis il me ramène près de l’Impératrice qui cause avec le général Pau et le général de Laguiche. Cinq minutes plus tard, les souverains se retirent.



Lundi, 8 mars.

D’après un télégramme que j’ai reçu cette nuit de Delcassé, je déclare à Sazonow qu’il peut compter sur le bon vouloir du Gouvernement français pour que la question de Constantinople et celle des Détroits soient résolues conformément aux vœux de la Russie.

Sazonow me remercie avec effusion :

— Votre Gouvernement, me dit-il, vient de rendre à l’alliance un service inappréciable... un service dont vous ne vous doutez peut-être pas...



« Samedi, 13 mars.

Le comte Witte est mort ce matin, presque subitement, d’une tumeur cérébrale. En télégraphiant la nouvelle à Delcassé, j’ajoute : Un grand foyer d’intrigues s’éteint avec lui.

Le comte Witte achevait sa soixante-sixième année.