Le Conseil suprême, puisqu’il faut encore l’appeler de ce nom, a également reconnu, dans sa déclaration du 5 mai, que l’Allemagne n’avait pas désarmé ; et au moment même où il faisait cette constatation, nous assistions, en effet, au scandaleux spectacle de l’Orgesch, s’apprêtant à marcher sur la Haute-Silésie. Jamais n’avait été plus justifiée la phrase qu’avait écrite le Cardinal Dubois dans sa belle lettre à l’archevêque de Cologne : « La patience de la France est à bout. » D’après la convention du 29 janvier, le terme fixé par le traité pour la dissolution de l’Orgesch et de l’Einwohnerwehr, a été reculé jusqu’au 30 juin prochain ; mais, dans un mois et demi, le désarmement militaire, naval et aérien, doit être total. Non seulement, l’Allemagne n’a rien fait pour le préparer ; mais elle se sert de ses organisations illicites pour menacer la Pologne. Le Gouvernement français lui a signifié qu’il considérerait comme une violation du traité toute incursion de ces troupes de police en Haute-Silésie et il a eu parfaitement raison de prendre cette altitude. Mais, si l’Allemagne passe outre, que décideront les Alliés ? Faudra-t-il que, malgré le rappel de la classe 19 et tous les préparatifs faits pour l’occupation de la Ruhr, nous restions inactifs jusqu’au 30 juin et que nous nous laissions, dans l’intervalle, braver par le Reich ?
La Commission des Réparations, usant d’une extrême modération, avait fixé à cent trente-deux milliards le montant de la créance alliée En procédant à cette évaluation, elle avait déduit du chiffre des dommages les restitutions faites ou à faire par l’Allemagne et elle n’avait pas non plus compris dans le total de la dette ce que doit verser l’Allemagne pour rembourser aux Gouvernements alliés et associés les sommes que leur a empruntées la Belgique. Mais, même augmentée de ces deux éléments, l’estimation de la Commission restait fort au-dessous de la réalité. Elle avait été le résultat d’un compromis assez pénible entre le délégué français, l’honorable M. Dubois, et le représentant anglais, sir John Bradbury, depuis lors démissionnaire, qui voulait s’en tenir au chiffre de cent quatre milliards et qui avait défendu la thèse du Gouvernement britannique avec une habileté passionnée. On pouvait, du moins, espérer que, dans l’état de paiements, dressé ensuite par la Commission, il ne serait fait aucune remise sur le total ainsi fixé. Le Traité de Versailles prenait même soin de dire que, si la Commission avait la faculté d’accorder des délais à la majorité des voix, elle ne pouvait rien remettre de la dette qu’à l’unanimité (Paragraphe 13 de l’annexe II). Mais, à Londres, la Commission, délibérant sous l’aile du Conseil suprême, a fini par