Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 63.djvu/59

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

docteur répondit bien positivement et avec affection. Il dit que son ministère était tout de profession, et entièrement étranger à la politique ; il se considérait comme médecin de sa personne, et demeurait étranger à toute autre considération ; qu’il ne faisait aucun rapport, qu’on ne lui en avait encore jamais demandé ; qu’il n’imaginait pas de cas qui pût le porter à en faire, que celui d’une maladie grave où il aurait besoin d’appeler les secours d’autres hommes de l’art, etc., etc. »

Or, en même temps qu’il donnait ces assurances à l’Empereur, il continuait à adresser, par chaque bateau, ses rapports à M. Finlaison, qui les faisait passer sous les yeux des lords de l’Amirauté ; il continuait à adresser à Sir Thomas Read, député assistant général, pour être remis à Hudson Lowe, le nouveau gouverneur, des rapports confidentiels au moins hebdomadaires. On en trouve au mois de juillet, des 8, 10, 12, 24 juillet, et sans doute, d’autres ont échappé.

O’Meara a prétendu qu’à partir d’octobre 1816 où de nouvelles restrictions avaient été signifiées à l’Empereur, il avait cessé, avec Hudson Lowe, toute communication qui ne fût pas strictement officielle. Or, il n’interrompit point ses rapports en octobre ; il les rédigea dans les mêmes termes, et continua à entrer dans les mêmes détails : seulement, depuis ce mois d’octobre 1816, il était ouvertement en conflit avec Lowe.

Lowe n’avait point le chirurgien en gré : d’abord parce qu’il était Irlandais. Puis, Lowe avait amené dans l’ile un certain docteur Baxter, qui avait été le médecin des Corsican Rangers, le régiment qu’il avait formé et commandé de 1803 à 1813. Il comptait formellement imposer ce Baxter à l’Empereur. N’ayant pu encore y réussir, il entendait que, au moins, Baxter exerçât un contrôle sur O’Meara. O’Meara en effet paraissait échapper ; il prétendait comme officier anglais, en activité de service, aux droits que lui garantissait son grade. — Mais ces droits, nulle pièce officielle ne les établissait, puisque lord Keith n’avait point répondu aux lettres par lesquelles O’Meara le priait de formuler par écrit la situation qu’il lui avait oralement assurée. De là, pour Lowe, la prétention de contraindre O’Meara aux mêmes restrictions que les Français.

Ce ne fut point là-dessus pourtant que la bataille s’engagea : O’Meara avait été accusé par le Ministère d’avoir adressé à un journal de Portsmouth des nouvelles du général Buonaparte, et