de leur étude dans un aspect très resserré, on pourrait presque dire des intérieurs de paysage. C’est à ce goût que nous devons des choses comme l’Hiver dans l’Engadine, par M. Vail : n’imaginons pas, ici, un panorama de sommets, largement déployés, comme ceux que montrait jadis Baud-Bovy ; non, il s’agit d’un petit village, tassé sous le poids de la neige et du froid, oppressé par la présence d’une muraille montagneuse, qui forclot l’horizon et semble vous tomber dessus, — impression juste, d’ailleurs. De même, les exquises harmonies de M. Henri Duhem, l’Épine rose, ou Berge à l’hiver, subtiles notations de ce que peuvent, pour la joie des yeux, quelques touffes de fleurs, dans un jardin clos, ou les reflets orangés du soleil sur la neige, sont des paysages tout d’intimité. Ils rejoignent presque ces Intérieurs calmes et recueillis, sans figures, qui tentent un si grand nombre d’artistes aujourd’hui. Regardez les admirables aquarelles de M. Tony Georges Roux, aux Artistes français : le Soir sur la façade du Midi, à Versailles, ou Reflet dans un volet doré, à Versailles. Sommes-nous au dehors ou au dedans du palais ? Le paysage est presque aussi artificiel et resserré qu’une galerie de glaces, le metteur en scène, le soleil, sera le même ici et là. Faisons un pas, poussons une porte : nous sommes chez les peintres d’intérieurs.
Ils sont légion, cette année, et d’une habileté singulière. Ils découvrent dans des salons déserts et des galeries vides, au fond de quelque palais, des lointains, des reflets, des mystères de paysage. Ce n’est pas du plein air, mais ce n’est pas du renfermé. La lumière l’habite, l’air s’y glisse, le temps et la vétusté y retouchent ce que l’équerre et le niveau y ont ordonné. Dans les perspectives de colonnes, de plinthes, de stèles et de lambris, on retrouve quelque chose du charme des allées ; il peut y avoir quelque mystère dans les caissons qui planent aux plafonds, et dans les fresques qui se devinent aux voûtes, quelque gaieté dans les verdures des porcelaines ; et lorsque les grands lustres des palais descendant du ciel comme des arbres renversés laissent pendre leurs feuilles de cristal et criblent de reflets les glaces déjà pleines de l’image des déesses roses peintes aux voûtes, il n’y a pas si loin de ce paysage à celui des charmilles rangées autour des miroirs d’eau, dans les coins sombres du parc. C’est ce que M. Walter Gay a toujours admirablement rendu et sa pénétration sur ce point est si précise qu’on distingue