allemandes d’avant-guerre, devait être considérée comme polonaise, on a accordé à M. Brockdorff-Rantzau le plébiscite qu’il demandait. Ici encore, c’est M. Lloyd George qui est intervenu, contrairement au vœu de la France et contrairement même à l’avis des experts anglais, pour donner cette satisfaction à l’Allemagne, comme si l’Angleterre pouvait attendre un profit moral ou matériel de l’agrandissement du Reich et de l’abaissement de la Pologne.
Nous n’avons guère été mieux partagés dans les autres parties des traités. Les colonies allemandes ont été remises aux Alliés, mais ce n’est pas à nous qu’ont été attribuées les plus importantes. L’Empire turc a été partagé, mais il l’a été de telle façon que l’Angleterre a vu, en Orient, son autorité s’accroître aux dépens de la nôtre. La Mésopotamie et les grands chemins de l’Asie sont maintenant entre les mains de l’Empire britannique ; dans la Palestine, qui, d’après les accords anglo-français de 1916, devait être internationalisée, le sionisme est devenu, après la paix, le prête-nom de l’Angleterre ; l’émir Feyçal, protégé et pensionné par nos alliés, a fait tout ce qui dépendait de lui pour nous expulser de Syrie ; bref, nous avons accepté à Sèvres un traité que désavouent les signataires eux-mêmes, dont on n’a pas osé demander la ratification aux Chambres et qui allume aujourd’hui en Orient de nouveaux incendies.
Si réduite que fût la part qu’on nous laissait dans la victoire, nous étions cependant disposés à nous en contenter. Mais nous demandions à être indemnisés de nos dommages et, sur ce chapitre du moins, nos Alliés nous avaient fait, dans le traité, les plus belles promesses. Nous avions répondu que nous nous défiions un peu de la bonne volonté allemande et nous avions demandé des garanties ou des gages. Il semblait, en particulier, tout à fait légitime d’occuper une partie du territoire du Reich aussi longtemps que nous ne serions pas payés. Les Allemands nous avaient donné, de 1870 à 1873, un exemple que nous avions le droit de suivre. — Mais, nous a-t-on répliqué, vous allez toucher une somme si formidable que l’Allemagne ne pourra vous la verser entièrement que par annuités et ces annuités s’échelonneront pendant plus d’un quart de siècle. Il est impossible que l’occupation militaire dure aussi longtemps. — Pourquoi ? — Vos troupes finiraient par avoir des difficultés avec les populations ; et puis, nous prendrons part nous-mêmes à l’occupation, et nous ne voulons pas garder indéfiniment des soldats sur le continent. Et on a réduit la durée de l’occupation à quinze ans.
Il eût été raisonnable que les frais de cette occupation fussent