directement supportés par les habitants et que l’autorité militaire eût, dans le pays, les mêmes droits que les armées allemandes en France après 1870. — Non, nous a-t-on dit. Les Alliés feront l’avance des frais ; l’Allemagne remboursera ensuite ; quant à l’autorité militaire, elle serait peut-être trop dure ; créons une commission civile interalliée ; ce sera une marque de courtoisie envers les Allemands. » Et nous avons cédé. — Du moins, demandions-nous, il faut désarmer l’Allemagne. C’est la condition essentielle de la paix future. Rassurez-vous. Si vous renoncez à prolonger l’occupation de la rive gauche du Rhin au delà de quinze ans, c’est nous-mêmes, Angleterre et États-Unis, qui vous assisterons en cas de nouvelle offensive allemande. N’avez-vous pas confiance en notre amitié ou doutez-vous de notre parole ? Voici un engagement signé de nous deux, Président Wilson et Lloyd George, qui garantit votre tranquillité. Mais, dans ce vieux droit français auquel les Normands ont fait autrefois passer la Manche, il y avait un adage que le Premier ministre britannique paraît avoir oublié : « Donner et retenir ne vaut. » Son engagement était subordonné à celui de l’Amérique et, comme l’Amérique a répudié les promesses de M. Wilson, M. Lloyd George s’est tenu pour libéré. Des Anglais, qui connaissent la France et qui l’aiment, tels que Lord Derby, ont vainement insisté pour qu’un pacte d’alliance fût signé entre l’Angleterre et nous ; le Cabinet britannique ne les a pas écoutés ; il n’a même pas consenti à demander aux Communes de voter l’engagement d’assistance éventuelle, sans le subordonner plus longtemps à l’assentiment des États-Unis ; il a étendu la doctrine de Monroe à l’Angleterre ; il n’a pas voulu promettre, d’avance, d’intervenir dans un conflit européen.
Telle était donc, dans l’ensemble, la position fort modeste et, par bien des côtés, assez périlleuse que nous faisait le traité de Versailles. Elle était loin de remplir nos espérances et de répondre à nos sentiments de justice ; et, déjà, à mesure que cet acte diplomatique a été mieux connu, ont commencé les premières déceptions de la France. Nous avions, du moins, le droit de penser que tous les sacrifices nous avaient été demandés avant la signature et que le traité ayant été approuvé par le Parlement, en Angleterre comme en France, et consacré, dans les deux pays, par une ratification solennelle, il deviendrait la loi commune et ne donnerait plus lieu à de nouveaux amendements. C’était là une illusion et nous n’avons pas tardé à nous en apercevoir. Dans l’exécution même des conventions