La Reconnaissance au Maroc est, avant tout, une œuvre scientifique, à la fois géographique, militaire et politique. Les qualités d’ordre et de précision qu’on y observe, à chaque page, sont tout à fait étonnantes ; et plus encore si l’on songe à toutes les difficultés, aux dangers même que courait l’explorateur, s’il voulait prendre des notes. Il était enveloppé de gens qui soupçonnaient, et parfois devinaient sa qualité de chrétien, et donc toujours en péril. Dans les Itinéraires au Maroc, il explique comment il a pu tromper la surveillance des témoins, ou les écarter.
« L’état d’Israélite ne manquait pas de désagréments : marcher pieds nus dans les villes, et quelquefois dans les jardins, recevoir des injures et des pierres n’était rien : mais vivre constamment avec les Juifs marocains, gens méprisables et répugnants entre tous, sauf de rares exceptions, était un supplice intolérable. On me parlait en frère, à cœur ouvert, se vantant d’actions criminelles, me confiant des sentiments ignobles. Que de fois n’ai-je pas regretté l’hypocrisie ! Tant d’ennuis et de dégoûts étaient compensés par la facilité de travail que me