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Bourbons, etc., etc. Sa Majesté parut assez satisfaite de ce que lui répondit ce courrier ; elle le congédia, en lui disant de continuer sa route. Il allait à Monaco.

Il était déjà tard lorsque l’Empereur, sentant le besoin de se reposer, s’enveloppa le corps d’un couvre-pied, d’un tricot de laine très léger, s’assit dans son fauteuil pliant, les jambes allongées sur une chaise, et, couvert de son manteau, il chercha à dormir quelques heures. Jusqu’au moment fixé pour le départ, il resta dans la même position.

Sur les une heure après minuit, tout le monde se mit en mouvement. Peu après on leva le camp, et, à deux heures, la troupe était en marche. Les quelques hommes de la cavalerie montée escortaient l’Empereur ; les autres, qui étaient à pied, portaient sur leurs des leurs selles, leurs porte-manteaux et leurs armes. C’était un bagage fort incommode et très embarrassant. Notre direction fut Grasse.

Chemin faisant, la tête de colonne rencontra le Prince de Monaco. Le Prince, informé de la présence de l’Empereur, descendit de voiture et vint le saluer. Ils allèrent ensemble prendre place à un feu de bivouac qui était à droite avant d’entrer dans le village, et à peu de distance de la route. Là, ils s’entretinrent assez longtemps. La conversation durait encore lorsque le groupe avec lequel je marchais allait entrer dans le village. Ce fut le premier village que nous rencontrâmes ; c’est probablement Cannes. Une demi-heure après, l’Empereur nous rejoignit et ne tarda pas à nous devancer.

Dans la matinée, d’assez bonne heure, nous arrivâmes à Grasse. Comme la plupart des personnes de la Maison, j’étais à pied. L’Empereur nous avait devancés de beaucoup. Nous apprîmes qu’il était parti pour aller plus loin. Avant de continuer notre route, mes com-pagnons et moi nous voulûmes réparer nos forces en prenant quelque nourriture. Nous entrâmes dans une auberge et nous nous finies servir de quoi faire un petit repas. Ayant à cœur de ne pas rester en arrière, nous expédiâmes le plus promptement possible ce qu’on nous donna à manger.

La population de la ville était sur pied ; elle ne nous parut ni hostile ni farouche. Sur une petite place où nous nous étions arrêtés un moment, il y avait une fontaine, sur laquelle était gravée une phrase à la louange des Bourbons, suivie de