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Saint-Dié (Vosges), où le plus grand nombre des électeurs vont à la messe et font leurs Pâques, jusqu’à M. Malvy, représentant des campagnes du diocèse de Cahors, où 95 pour 100 des hommes vont à la messe et où les deux tiers font leurs Pâques. Dans le diocèse de Belley, correspondant au département de l’Ain, d’opinion plutôt avancée, 2 hommes sur 3 et 8 femmes sur 10 communient à Pâques ; il ne s’y fait pas chaque année plus de 4 ou 5 mariages civils et l’on n’y compte que 40 non-baptisés sur une population de 342000 âmes, dont 1000 protestants.

En contraste formel avec ceux-là sont par exemple les diocèses de Blois, de Langres, de Sens ou de Troyes, où domine, non pas l’hostilité, — toujours et partout exceptionnelle, — mais l’insouciance religieuse, dans les campagnes aussi bien que dans les villes. Pour réconforter, — par comparaison, — le clergé de la cathédrale de Gap (Hautes-Alpes) qui déplore de n’avoir, sur 7 000 habitants, que 5 ou 600 hommes fidèles à la communion pascale, on lui pourrait citer le cas de l’ancienne capitale de Champagne, Troyes, où l’on considère comme merveilleux d’avoir ce même chiffre de 600 communions d’hommes à Pâques… sur une population de 55 000 âmes ! Dans les campagnes de ce département de l’Aube, bien peu de paroisses comptent un ou deux hommes faisant leurs Pâques ; il y en a 30 au chef-lieu de la sous-préfecture réputée la moins étrangère au culte et, dans celle qui se montre le plus éloignée de tout sacrement, où la moitié des enfants ne sont pas même présentés au baptême, sur quatre soldats de telle paroisse tués à l’ennemi au cours de la dernière guerre, pas un n’était baptisé.

Fait local, à la vérité, borné ici à quelques cantons. En effet, dans le sein du même diocèse, cohabitent à peu de distance des citoyens de mentalités très diverses, sinon opposées ; aussi bien à Digne, en Provence, où personne en certaines paroisses et tout le monde en d’autres accomplit les devoirs religieux, qu’en Flandre, dans le diocèse de Cambrai, où les districts agricoles sont en majorité pratiquants, tandis que dans les districts miniers ou industriels la fréquentation des sacrements est presque nulle du côté des hommes et peu suivie par les femmes.

Dans les campagnes rouennaises, le « pays de Caux » est bien plus religieux que le « pays de Bray ; » dans le diocèse d’Autun, (Saône-et-Loire), dans le Charolais, presque toutes les femmes et