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l’autre vers l’Est. Les rayons lumineux que nous pouvons produire sur la terre se comportent à cet égard, dans leur propagation, exactement comme ces obus. Il n’y aurait donc rien d’étonnant au résultat de l’expérience de Michelson si nous ne connaissions, des rayons lumineux, que ce que nous enseigne cette expérience. Mais poursuivons notre comparaison : considérons l’obus tiré par un de ces canons, et supposons qu’il tombe sur un blindage, sur une cible, en un certain point du champ de tir, et qu’en arrivant en ce point la vitesse restante de l’obus soit par exemple 50 mètres par seconde. Supposons cette cible montée sur un tracteur automobile. Si celui-ci est arrêté, la vitesse de l’obus par rapport à la cible sera, nous venons de le dire, de 50 mètres par seconde au point d’impact. Mais je suppose que le tracteur et la cible qu’il porte soient lancés, par exemple, à la vitesse de 10 mètres à la seconde (cela fait du 36 kilomètres à l’heure) dans la direction du canon, de telle sorte que la cible passe à sa position précédente exactement à l’instant où l’obus lui arrive. Il est clair que la vitesse de l’obus par rapport à la cible au moment où il l’atteint, ne sera plus 50 mètres, mais 50 + 10 = 60 mètres par seconde. Il est évident au contraire que cette vitesse ne serait plus, toutes choses égales d’ailleurs, que 50 − 10 = 40 mètres par seconde, si au lieu d’être lancée vers le canon la cible était lancée en sens inverse. Si la vitesse de la cible dans ce dernier cas était égale à celle de l’obus, il est clair que celui-ci ne la toucherait plus qu’avec une vitesse nulle. Tout cela va de soi-même, saute aux yeux. C’est pour cela que dans les music-halls les jongleurs peuvent recevoir, sur une assiette, des œufs frais tombant de très haut sans les casser : il leur suffit de donner à l’assiette, au moment du contact, une légère vitesse descendante qui amoindrit d’autant la vitesse du choc. C’est pour cela aussi, que les boxeurs habiles savent, par un léger mouvement, fuir devant le coup de poing, ce qui diminue sa vitesse efficace, tandis qu’au contraire, s’ils vont à sa rencontre, le coup est bien plus dur.

Si les rayons lumineux se comportaient en tout, — comme ils font dans l’expérience de Michelson, — de même que nos projectiles, qu’arriverait-il ? C’est que, lorsqu’on va très vite à la rencontre d’un rayon lumineux, on devrait trouver que ce rayon a, par rapport à l’observateur, une vitesse accrue, et qu’il