En contant la vie de l’abbé de Chaulieu[2], Sainte-Beuve a ouvert sur l’histoire du Grand Siècle cette large perspective : « Il y a deux siècles de Louis XIV : l’un noble, majestueux, magnifique, sage et réglé jusqu’à la rigueur, décent jusqu’à la solennité, représenté par le Roi en personne, par ses orateurs et ses poètes en titre, par Bossuet, Racine, Despréaux ; il y a un siècle qui coule dessous, pour ainsi dire, comme un fleuve coulerait sous un large pont, et qui va de l’une à l’autre Régence, de celle de la Reine-mère à celle de Philippe d’Orléans. Les belles et spirituelles nièces de Mazarin furent pour beaucoup dans cette transmission d’esprit d’une Régence à l’autre, les duchesses de Mazarin, de Bouillon et tout leur monde ; Saint-Evremond et les voluptueux de son école ; Ninon et ceux qu’elle formait autour d’elle, les mécontents, les moqueurs de tout bord. » À travers ce siècle-là, nous avons, en suivant La Fontaine, fait quelques excursions. Sainte-Beuve ajoute : « J’ai dit qu’il y a deux aspects du siècle ou règne de Louis XIV, l’aspect apparent imposant et noble, et le revers, le fond plus naturel, trop naturel, et où il ne faut pas trop regarder ; ajoutons seulement qu’à une certaine heure, et au plus beau moment du