et était entré dans un restaurant pour y manger, au moins une fois dans sa vie, tout son saoul de saucisses. Il en avait mangé pour une piastre (5 francs), parait-il…
« Ah, nous irons bien ! Nous avons tué le cochon la semaine dernière, et nous avons eu du foie de cochon quatre fois en deux jours ; cette semaine, c’est du boudin, a raison de deux fois par jour. Ensuite, ce sera du fromage de tête, et d’autres compositions succulentes. J’arrête là, pour ne pas te donner envie… »
27 septembre 1912.
« Voilà quelque temps que je n’ai eu de nouvelles, mais, à vrai dire, les communications ne sont pas des plus faciles, et cela ne m’étonne pas.
« Depuis quinze jours je suis dans-les bois, au nord de Péribonka, avec des ingénieurs qui explorent le tracé d’une très hypothétique et en tout cas très future ligne de chemin de fer.
« L’on couche sous la tente, et l’on est toute la journée dans les bois, — sorte de forêt demi-vierge où une promenade de quatre à cinq milles prend trois heures d’acrobatie. D’ailleurs, nous sommes très bien logés, — comparativement, s’entend, — et fort bien nourris, et tant que le temps est supportable, c’est une vie idéale.
« Je n’y étais allé que pour remplacer mon « patron, » et après une semaine d’essai, je me suis promptement fait engager. Cela durera tout octobre et novembre, probablement. Comme nous serons loin des villages tout le temps, il y aura peut-être quelques difficultés pour la correspondance…
« Je suis revenu pour un jour à Roberval, pour acheter diverses choses : couverture, etc. indispensables sous la tente, maintenant que l’automne vient.
« Naturellement je serai toujours reconnaissant de ce que vous pourrez m’envoyer à lire, car les soirées sont vides et pas mal longues ; mais n’envoyez rien d’autre.
« J’espère que vous serez revenus de la mer tout « ravitaillants de santé, » pour parler canadien… »
1er novembre 1912.
« Nous nous sommes momentanément rapprochés des maisons, mais nous allons nous en éloigner de nouveau sous quelques jours pour rentrer dans le bois.