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avec le vice-roi, — et à mon sens, d’après la façon dont elle s’était engagée, presqu’à coup sûr, — il était pour moi, ajoutai-je, le meilleur stimulant.


* * *

Ayant pris congé de l’amiral et accompagné de ses vœux affectueux de bon succès, je partis aussitôt sur le Volta pour Tchéfou, où je devais laisser ce bâtiment sous les ordres du lieutenant de vaisseau de Lapeyrère, son commandant en second, pendant mon séjour à Tien-Tsin.

J’y rencontrai M. Détring, qui m’y attendait pour me renseigner sur l’état d’esprit de Li-Hong-Tchang, au sujet de ma prochaine arrivée et de l’accueil qu’il était disposé à faire à mes propositions d’arrangement diplomatique : il en connaissait déjà, par son intermédiaire et celui du vice-roi de Canton, la nature tendant à une entente cordiale définitive entre la France et la Chine.

D’après M. Détring, le vice-roi n’opposait aucune objection de principe à ces propositions, sous la réserve que la dignité du Céleste-Empire y fût sauvegardée dans la rédaction des articles du traité et, par suite, qu’aucune obligation d’indemnité n’y fût formulée. Il estimait que, dans ces conditions, nos négociations devaient aboutir rapidement à une entente complète.

Il me mit ensuite, en causant, au courant des faits survenus depuis quelque temps à Tien-Tsin, et notamment d’un incident entre le ministre d’Angleterre à Pékin et Li-Hong-Tchang. Ce ministre, en se rendant en Corée, était allé braver le vice-roi, dans une visite à son yamen, en lui annonçant que le but de son voyage dans ce pays était d’y négocier directement un traité de commerce avec la Cour de Séoul. Or, Li-Hong-Tchang, qui exerçait, d’après ses attributions officielles, le contrôle de la politique étrangère du roi de Corée, vassal de l’Empereur de Chine, lui ayant offert alors, à ce titre, ses bons offices auprès de ce souverain, le ministre lui avait répondu prétentieusement qu’il n’en avait nul besoin. Sur quoi, le vice-roi avait mis fin à l’audience en lui disant, avec son meilleur sourire : « Dans ce cas, je n’ai plus qu’à souhaiter à votre Excellence, bon voyage et bon retour ! »

Cette histoire fut pour moi comme un trait de lumière, en me révélant qu’aux graves raisons patriotiques et personnelles