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les trois Parcs de Troyes, de Dijon et de Lyon, tous les préparatifs nécessités par les circonstances : à Dijon, par exemple, préparation de vêtements chauds ; à Lyon, préparation de camions, etc. Il faisait improviser, également, la concentration d’une dizaine de « Sections sanitaires » qui devaient suivre le mouvement.

Il n’était pas question de sections R. V. F. (ravitaillement en viande fraîche)[1], les pesants autobus étant peu indiqués pour franchir les Alpes : les sections de ravitaillement en viande fraîche furent constituées, en Italie avec de simples camions Fiat.

Quant aux nombreuses voitures de tourisme : voitures du Q. G. de l’armée, des Q. G. des corps d’armée et des Q. G. des divisions, elles étaient, au fur et à mesure des ordres reçus, réunies en groupes de marche, avec étapes obligatoires, direction de Milan par Briançon.

La liaison était maintenue constamment, bien entendu, entre la D. S. A. (Direction des Services automobiles) et la Direction des Chemins de fer. C’est ainsi que le 1er novembre (jeudi), — alors que les convois, définitivement formés, s’apprêtaient à quitter Lyon, — il fut arrêté que les premiers camions devaient être à Briançon le 3 avant 16 heures, pour y embarquer le premier train militaire.

Imaginez ces étapes successives : Troyes, Dijon, Chalon-sur-Saône, Lyon, Grenoble, Veynes, Gap, Briançon, par des routes magnifiques, mais coupées de tournants brusques, de descentes rapides, de montées interminables, où nos camions s’engageaient, pleins d’une superbe audace. On était en novembre, époque où la région des Alpes est sous une couche épaisse de neige et où, habituellement, tous les cols sont fermés. La chance voulut que le temps fût très froid, avec un soleil splendide et pas de vent. Le Col de La Croix-Haute, — « ce pays le plus pauvre et le plus triste de France, » — put être passé sans aucun accident.

  1. A côté des Sections T. M. les unités les plus employées, en campagne, sont les Sections sanitaires (S. S. — 20 voitures) qui portent les blessés des postes de secours aux ambulances et des ambulances aux hôpitaux, et les Sections R. V. F. (7 à 8 autobus) qui apportent la viande (fraîche ou congelée) aux « Centres de distribution. » Ajoutons quelques formations spéciales : les formations automobiles des ambulances et les sections du Service télégraphique.