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Le même soir, dîner aux Affaires étrangères, suivi de bal : à peine une demi-douzaine de jeunes Chinoises modernisées : filles ou femmes de diplomates, elles ont abandonné les fards et les coiffures traditionnels ; elles ont seulement gardé leurs strictes robes de soie à col montant ; et ainsi elles ont simplement l’air de vouloir donner une leçon de modestie à nos belles décolletées européennes.


28 février.

Revue militaire au Si Yuan, au pied du Palais d’Été. Belle tenue des troupes ; elles défilent correctement à un pas mécanique et lent, au son de Sambre-et-Meuse : les drapeaux énormes sont la seule note pittoresque ; des ombres passent sur le terrain : ce sont celles des avions chinois et d’un Caudron monté par deux Français, apportant le salut de l’aviation française au vainqueur de la Marne.

L’après-midi, à la Présidence, thé offert en l’honneur du Maréchal avec représentation de théâtre chinois. Le plus grand acteur actuel de la Chine, le célèbre Mei Lang Fang, joue un rôle de déesse. Il a vingt-cinq ans : or, nulle femme ne saurait avoir plus de grâce, d’esprit, de subtilité d’expression, ni de poésie que cet homme ; l’illusion est charmante. Mince, gainé dans une robe merveilleuse de jeune Chinoise de potiche, il danse en chantant dans des nuages symboliques, en s’accompagnant de longues écharpes ; et il répand des fleurs sur un groupe de sages assis à ses pieds et comme plongés dans le renoncement et l’oubli.


2 mars.

Après-midi consacré aux œuvres françaises de Pékin. D’abord, visite de l’hôpital Saint-Michel, sorte de coquette maison de santé admirablement organisée et très achalandée. Le directeur, le docteur Bussière, est, grâce à sa science et à son dévouement, l’un des meilleurs agents de l’influence française à Pékin ; il est d’ailleurs aidé dans sa tâche par des sœurs de Saint-Vincent de Paul françaises et indigènes. L’hôpital peut recevoir des pensionnaires à des prix modiques, grâce à une combinaison de subventions de l’État et du Gouvernement général de l’Indo-Chine.

Au sortir de l’hôpital, le Maréchal se rend au Pétang pour y faire visite à Mgr Jarlin, le vicaire apostolique de Pékin. Le Pétang est la célèbre concession française catholique où