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regardons le monde extérieur, l’aspect des choses se modifie, si nous déplaçons la tête à droite ou à gauche. Lippmann indiqua comment, au moyen d’une série de petites boules transparentes, on pourrait former une surface sensible donnant une image en relief dont l’aspect changerait avec la position des yeux de l’observateur, s’encadrant entre les bords de la plaque comme l’image du monde réel entre les bords d’une fenêtre. Toutefois, si ingénieuse que soit l’idée, elle s’est heurtée à une difficulté pratique qui n’a pu être surmontée. Aucun des corps transparents que nous connaissons aujourd’hui ne possède d’indice de réfraction assez élevé pour permettre une réalisation satisfaisante. Mais le principe de la méthode existe : peut-être les progrès futurs de la chimie mèneront-ils au but.


Cependant, l’autorité grandissante de Lippmann attirait autour de lui de nombreux élèves, dont beaucoup sont devenus des maîtres à leur tour. Tous l’entouraient d’une respectueuse affection, que l’on put mesurer à leur douteur profonde, le jour de sa mort. La plupart ont fait dans son laboratoire et sous sa direction des thèses remarquées. Je nommerai d’abord Alphonse Berget, son collaborateur fidèle durant de longues années, expérimentateur habile qui illustra le laboratoire par une série de travaux personnels marqués d’un rare cachet d’élégance ; causeur étincelant, qui, après avoir aidé jour par jour le maître dans ses recherches sur la photographie des couleurs, popularisa la découverte par des opuscules et des conférences très applaudies ; Amédée Guillet, maître de conférences, attaché à la chaire de Physique, lui-même technicien remarquable, à la fois sûr et hardi, qui, dans le domaine des phénomènes électriques et de la mesure du temps, s’est signalé par des recherches de premier ordre ; de Watteville, sagace investigateur du monde des raies spectrales, et l’un des auxiliaires préférés du maître en ces dernières années ; L. Benoist qui, dès 1901, découvrait la relation fondamentale qui relie les poids atomiques des corps aux spectres d’absorption des rayons X et dont le nom est ainsi attaché à une découverte, qui, étendue récemment aux spectres d’émission, représente une des conquêtes capitales de la physico-chimie ; puis, toute une pléiade de savants de haute valeur, français ou étrangers, — parmi lesquels il convient de citer particulièrement