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d’infliger là-bas un échec aux Boches. Ce qu’ils cherchent, ce n’est pas tant un ravitaillement matériel et humain qu’un ravitaillement en moral, car le doute, la lassitude, le découragement envahissent le Bocheland.

Fait-on le nécessaire ? Je crains que non.

Mais je crois que la force des choses mettra tout au point. Je vois un grand chef, commandant aux troupes réunies de la coalition : cette organisation de notre force amènera l’entrée en jeu de la Roumanie et de la Grèce... Alors...


30 octobre 1915.

Dans la bataille, quelle qu’elle soit, rase campagne ou guerre de siège, quand l’attaque réussit-elle ? Elle réussit quand le moral de l’ennemi est détruit, quand il n’y a plus d’espoir.

En Champagne, comme d’ailleurs antérieurement, notre assaut a trouvé des gens qui se cramponnaient à tout parce qu’ils étaient convaincus que leur résistance avait un effet utile, qu’elle nous arrêterait, qu’ils étaient les plus forts, que « Gott mil uns, » etc. En sera-t-il toujours de même ? Non. Tout est en bais. se dans les sentiments en Allemagne. C’est bien plus d’illusions que d’hommes ou de pain qu’ils essaient de ravitailler leur nation dans cette offensive en Serbie. Si la prochaine offensive coïncide avec une dépression convenable du moral, au lieu de la tenace résistance qui a conjuré la défaite, nous trouverons l’écrasement. Quoi qu’il arrive, la décision ne sera pas dans les Balkans ; le succès là-bas sera le signal de la ruée générale par ici, de la curée.


1er novembre 1915.

Préparer des cadres et des soldats pour les futures victoires, c’est « mériter » tout autant que de combattre.

Ce n’est pas d’aujourd’hui d’ailleurs que la guerre a imposé de telles nécessités : en 1805, après Austerlitz, en 1806-1807, pendant l’hiver, pour ne citer que ces deux exemples, la guerre a pris une allure lente, suspensive et on a fait de l’instruction. C’est une nécessité de métier.

C’est à ce prix que nous aurons au printemps l’armée de la victoire décisive. Il faut réagir en effet contre cette opinion aussi déprimante que fausse, que la victoire n’est pas possible par ici. C’est un crime de propager pareilles absurdités qui prouvent que ceux qui les émettent ne comprennent rien de la guerre. La