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candidats officiers et de futurs commandants de compagnie.

Je suis enchanté, impressionné.

Tout ce monde donne à fond, instructeurs et élèves. Quelle bonne volonté ! Quel sentiment du devoir, de la nécessité de se préparer, de s’instruire pour vaincre !

Quand, en outre, je constate le moral sublime des soldats, de ceux qui déjà s’embourbent dans les tranchées, de ces jeunes gens aussi, de la classe 16, qui s’instruisent en arrière du front, je suis ému et ravi. La victoire, sûrement, couronnera toute cette beauté morale.


22 janvier 1916.

La philosophie (sagesse) consiste à faire son devoir dans la conviction que rien n’arrive sans la Volonté Souveraine et en une Foi parfaite en sa bonté (livre III de l’Imitation).


17 mars 1916[1].

Mes pensées sont sans cesse vers vous. Je vous soutiens de mes vœux, de mes prières.

Tantôt, par cette radieuse journée, je voyais du haut de Sivry[2] les éclatements énormes qui empanachaient la région où vous vous trouvez, et le grondement du canon donnait au spectacle un aspect grandiose et terrifiant. Je pensais bien à vous ! Dieu vous garde !


18 avril 1916.

A Verdun, il semble que les Allemands s’essoufflent ; le coup parait manqué. C’est maintenant la lutte pied à pied, peu rémunératrice des forts sacrifices imposés à l’offensive ; nous avons connu cette phase en Champagne. L’offensive décisive ne réussit définitivement que contre un adversaire à bas moralement et physiquement ; nous n’en sommes pas là et tout fait espérer qu’ils y seront avant nous.


23 avril 1916.

Les souffrances des troupes sont grandes et plus grandes encore les vertus de ces hommes, inspirées par la conscience du devoir envers la patrie et l’humanité. Mais l’épreuve aura sa récompense. La conscience universelle semble se réveiller et Wilson en a formulé les révoltes dans un langage et un appareil qui impressionnent les peuples.

  1. Lettre écrite au cours de la bataille de Verdun.
  2. Sivry-la-Perche, NE de Verdun.