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LA TERRE TOURNE-T-ELLE ?

Le phénix, cet oiseau fabuleux qui alors qu’on le croyait réduit en cendres renaissait soudain pour prendre son vol, ne correspond à aucune réalité zoologique, il est à peine besoin de le dire. Mais il fournit un symbole extrêmement adéquat à l’évolution de beaucoup de problèmes.

Parmi ceux-ci, il n’en est guère qui ait tant agité les hommes, dès la plus haute antiquité, que la question de savoir si la terre tourne.

Aristarque de Samos, vers l’an 280 avant Jésus Christ, supposa, suivant Archimède et Plutarque, que la terre circulait autour du soleil, ce qui le lit accuser d’impiété. Cléanthe d’Assos, vingt ans plus tard, serait, selon Plutarque, le premier qui aurait cherché à expliquer les phénomènes du ciel étoile par le mouvement de translation de la terre autour du soleil, combiné avec le mouvement de rotation de cette même terre autour de son axe. L’explication était, suivant Plutarque, tellement neuve, tellement « révolutionnaire » que différents philosophes proposèrent de diriger, ainsi qu’on avait fait contre Aristarque, une accusation d’impiété contre l’auteur, ce qui était assurément une manière d’argumenter sans réplique.

Malgré tout, l’idée nouvelle faisait son chemin. Héraclide de Pont, Ecphantus le Pythagoricien, Philolaus de Crotone. Nicolas de Syracuse, avaient dès longtemps enseigné la rotation de la terre sur son centre, à l’encontre d’Aristote pour qui les planètes et les étoiles tournaient autour de nous en même tem(is que les cieux de cristal auxquels elles étaient attachées.

En dépit de l’autorité d’Aristote et de la vogue du système géocentrique de Ptolémée, la question resta posée. Je n’en citerai pour preuve que ce passage de Sénèque :