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« Il importe d’examiner si la terre est immobile au centre du monde ou, si, le ciel étant immobile, la terre tourne sur elle-même. Des auteurs ont dit que la terre nous entraine sans que nous nous en apercevions et que c’est notre mouvement qui produit les levers et les couchers apparents des astres ; c’est un objet bien digne de nos contemplations que de savoir si nous avons une demeure paresseuse ou si, au contraire, elle est douée d’une très grande vitesse, si la divinité fait tout tourner autour de nous ou si elle nous fait tourner nous-mêmes. »

On sait comment au XVe siècle l’astronome Purbach fit renaître les sphères de cristal d’Aristote auxquelles Ptolémée lui-même avait pourtant renoncé ! On sait comment les comètes observées par Tycho-Brahé firent voler en éclats toute cette puérile cristallerie céleste. On sait aussi comment l’immortel chanoine de Thorn, Copernic, dans son génial ouvrage De Revolutionibus orbum cœlestium, jeta bas le géocentrisme de Ptolémée et fonda sur des données positives le système héliocentrique. Les vicissitudes que subit celui-ci entre les mains de Tycho jusqu’à ce que le grand Kepler l’eût porté à sa perfection actuelle, sont trop connues pour être rappelées ici.

Malgré tout, les péripatéticiens ne désarmaient pas et on sait comment leurs intrigues réussirent à obtenir la condamnation de Galilée, condamnation bientôt annulée par le pape Benoit XIV.

Depuis lors, la théorie du mouvement de la terre a acquis dans le monde entier le droit de cité et a été exclusivement enseignée partout. C’est ainsi que le R. P. Secchi, le célèbre astronome qui dirigea glorieusement l’Observatoire du Vatican, écrivait en 1851 dans un de ses Mémoires sur les observations du pendule : « Le mouvement de la rotation de la terre autour de son axe est une vérité qui de nos jours n’a pas besoin d’être démontrée ; elle est en effet un corollaire de toute la science astronomique. »

Depuis trois siècles les démonstrations et les preuves expérimentales de la rotation terrestre se sont multipliées et accumulées de prodigieuse manière. L’aberration des étoiles, les mouvements des marées, l’ellipticité du globe terrestre, l’existence des vents alizés et leur symétrie par rapport à l’équateur terrestre, vingt autres phénomènes observés dans la nature ont apporté à l’hypothèse de la rotation terrestre leurs démonstrations