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POINTS OBSCURS DE LA VIE
DE
LAMENNAIS[1]

Il y aurait à écrire sur Lamennais, son œuvre et son temps un livre qui serait, qui pourrait être tout au moins, pour notre XIXe siècle français, ce qu’est l’admirable Port-Royal de Sainte-Beuve pour le XVIIe, un livre qui, en même temps qu’une étude d’histoire littéraire, serait une étude de psychologie et d’histoire religieuses. Autour de Lamennais pris comme centre, on grouperait tous ceux qui, à un moment ou à un autre, ont eu quelques rapports avec le fougueux écrivain ; et de Victor Hugo à Lacordaire, de Bonald à George Sand, de Joseph de Maistre à Sainte-Beuve, de Béranger à Vigny, combien de physionomies diverses, combien d’attitudes morales n’aurait-on pas à observer, à saisir et à peindre ! D’autre part, si l’on voulait, comme ce serait sans doute nécessaire en un pareil sujet, rattacher Lamennais à la renaissance religieuse des premières années du XIXe siècle et suivre son action, visible ou secrète, dans les divers mouvements successifs que l’on désigne sous les noms de « catholicisme libéral » et de « catholicisme social, » ce serait, on le voit, tout un siècle de pensée religieuse qui viendrait se refléter dans ce livre...

Celui qui l’entreprendra aura toute sorte d’obligations à un érudit breton que connaissent bien tous les « mennaisiens, » et

  1. La Mennais, sa vie, ses idées, ses ouvrages, d’après les sources imprimées et les documents inédits, par F. Duine. Un vol. in-8 de la Bibliothèque d’histoire littéraire et de critique. Paris, Garnier frères, 1922.