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de longue date. M. l’abbé F. Duine est probablement aujourd’hui l’homme de France qui connaît le mieux son Lamennais : il lui a consacré de nombreux travaux d’approche, et nous lui devons, entre autres choses, un excellent volume de Pages choisies de son héros. « Si M. Duine, — écrivions-nous ici même, il y a trois ans, — voulait reprendre et développer un peu l’étude biographique et bibliographique qu’il a placée en tête de ces Pages choisies, il nous donnerait peut-être la monographie la plus précise et la plus complète que nous ayons encore sur l’auteur des Affaires de Rome. » M. Duine a entendu et il vient de réaliser ce vœu. Le livre qu’il a publié sur Lamennais, dans une nouvelle Bibliothèque d’histoire littéraire et de critique, résume et condense à peu près tout ce que l’on peut savoir aujourd’hui sur cette œuvre et sur cette vie également tourmentées, et, sur bien des points, il nous apporte des précisions nouvelles. Il serait désormais un peu imprudent de parler de Lamennais sans s’aviser au préalable de ce qu’a pu en dire M. Duine.

L’enquête à laquelle s’est livré celui-ci pour composer son ouvrage a été longue et consciencieuse, et il semble bien qu’elle ait épuisé toutes les sources d’information qui nous sont actuellement accessibles. M. Duine ne s’est pas contenté de lire et de relire de près toutes les œuvres de Lamennais ; il en a examiné et confronté les diverses éditions ; il a dépouillé toute sa correspondance imprimée, dont une partie est dispersée en des recueils parfois assez rares ; il a consulté les innombrables pamphlets, réfutations, articles et livres dont la personne et les écrits de Lamennais ont été l’objet incessant depuis un siècle, bref, toute l’énorme « littérature » du sujet. Enfin il a utilisé nombre de documents inédits : manuscrits de quelques-unes des œuvres de Lamennais et « quelques-uns de ses autographes les plus importants, des lettres qu’il écrivit ou qui lui furent adressées, son agenda commencé en 1809, ses carnets de comptes, quantité de cahiers et de papiers de Robert des Saudrais, son oncle, de l’abbé Jean, son frère, d’Ange Blaize, son neveu, le journal des visites reçues au domicile de Lamennais pendant sa dernière maladie, des notes relatives à ses funérailles. » Si discrète que soit généralement son érudition, il arrive à M. Duine, — ce qui nous arrive à tous, — d’étaler avec quelque complaisance les textes inédits qu’il utilise,