Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 11.djvu/216

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et succursales d’établissements de crédit parisiens. Leurs coffres avaient été mis sous scellés, de même que les dépôts de titres des particuliers qu’ils couleraient, de Italie sorte que toute l’activité commerciale se trouvait ainsi arrêtée, en un moment où la misère physique et morale était à son comble.

Le salut vint de la Société générale de Belgique, qui accepta de consentir un emprunt de 16 millions de francs, pour le règlement des contributions arriérées. Cette opération visait un double but que, dans un sentiment de gratitude, nous devons rappeler :

1° Venir en aide aux villes et à leur population, dans les circonstances critiques où elles se trouvaient et leur donner un témoignage de sympathie et de cordiale solidarité, en leur permettant de faire face au paiement qui leur était demandé pour des contributions arriérées, dues par les communes du Nord qui se trouvaient hors d’état de payer ces contributions ;

2° Libérer les banques de la saisie-arrêt pratiquée sur leurs coffres-forts, leurs dépôts de titres, leurs coupons, espèces et avoir, à l’étranger, en provoquant la main-levée sans restriction aucune, de cette saisie-arrêt.

Les conditions de l’emprunt, précédées de cet exposé des motifs, comportaient un engagement solidaire des banques des six grandes villes et une remise en garantie de coupons échus, à concurrence de la moitié de l’emprunt, soit 8 millions. Cette convention fut définitivement signée le 19 septembre 1915.


III

Après cet immense effort pour liquider les arriérés des contributions de guerre, le 29 septembre de la même année, le rouleau compresseur se remet en mouvement, et la ville de Lille est invitée à payer, pour le mois d’octobre, non plus 1 500 000 francs, comme précédemment, mais 1 800 000, avec la mention suivante : « Au cas où les versements ne seraient pas effectués en bon argent, la Ville ajoutera à chaque paiement un change de 5 pour 100. » C’est donc la dépréciation voulue des bons communaux qui est officiellement organisée.

Des charges nouvelles s’abattent, chaque mois, sur la malheureuse cité, en plus, bien entendu, des réquisitions et autres procédés de spoliation. Si elle proteste et crie à l’injustice, elle