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reçoit des réponses du genre de celle-ci, émanant du Bureau des réquisitions, en date du 29 octobre 1013 :


En réponse à votre lettre du 27 courant, j’ai à vous informer que les réquisitions en question ont été examinées et trouvées correctes.

Personne ne conteste que le poids en tombe sur le commerçant individuel. Cependant, comme il s’agit d’une guerre préparée depuis très longtemps par ses ennemis et imposée à l’Empire allemand, ce sont donc les dirigeants de la France qui en portent la responsabilité. D’ailleurs, aucun homme sensé n’est d’avis que si nos ennemis, Anglais et Français blancs et de couleur, avec leurs jolis alliés les Russes et les Japonais et d’autres peuples sauvages, avaient envahi L’Allemagne, il y aurait eu des réquisitions organisées.

C’est encore en cela que parait la supériorité absolue de l’Allemagne civilisée sur les autres Étals et que les autorités allemandes Comme en tout, ont introduit de l’ordre dans la question des réquisitions.

Et si même les bornes, ce qui n’est pas le cas ici, avaient été dépassées, ce ne serait qu’une des manifestations inévitables de la guerre. Et comme cette guerre, enfin, n’est que le résultat du sentiment de vengeance attisé depuis quarante-cinq ans par les Français, les commerçants des territoires occupés par nous n’ont qu’il s’en prendre à ceux qui les ont précipités dans la ruine, au lieu d’en accuser les autorités allemandes.

Cela dit, l’incident est clos.


... Or, tandis que la Ville ploie sous le poids des charges financières et des réquisitions, que l’angoisse est dans tous les cœurs sous le coup des listes d’otages, des emprisonnements, et des envois dans les camps de concentration, l’autorité allemande veut qu’on s’amuse ! Le général von Grævenitz, chef de la Kommandantur, expose au maire de Lille, par une lettre du 11 septembre 19165 que le théâtre doit être remis en état d’exploitation. Les travaux seront exécutés aux frais de la Ville par un directeur allemand, avec lequel la municipalité devra s’entendre à ce sujet. Le général ajoute que les acteurs sont au service de l’armée allemande, et ont le droit au logement — payé, bien entendu, sur le budget communal...


A des exigences toujours croissantes s’ajoute, à chaque échéance, celle de la modalité du paiement, pour lequel l’autorité allemande s’efforce d’exclure les bons de la Ville, seule monnaie que la municipalité puisse avoir à sa disposition. Au