Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 11.djvu/235

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Chronique 31 août 1922

CHRONIQUE DE LA QUINZAINE

Les jours de Londres resteront douloureux dans le souvenir du peuple français ; ils étaient nécessaires et ils seront finalement bienfaisants : ils ont apporté de la lumière ; ils ont précisé, entre le Gouvernement britannique et la France, un différend, à la vérité déplorable ; et, pour l’avenir de l’Europe, dangereux, mais qu’il était vain de dissimuler.

Quel était l’objet précis de la Conférence ? L’entente franco-britannique n’y était en cause qu’indirectement ; il s’agissait de la suite à donner à la demande de moratorium formulée par le Gouvernement allemand. Accorderait-on un moratorium, de quelle durée, à quelles conditions ? M. Lloyd George, avant la Conférence, avait déjà proclamé son opinion : moratorium sans conditions. M. Poincaré, à la Conférence, répondit : les Alliés ont octroyé, en janvier, un moratorium à l’Allemagne, moyennant certains engagements qui n’ont pas été tenus ; lui concéder de nouveaux délais sans conditions serait donner une prime à sa mauvaise volonté ; un moratorium est un avantage qui doit avoir une contre-partie ; la France se refuse, pour sa part, à l’accorder, si elle n’obtient pas, en échange, des gages productifs. Telles sont, dans leur simplicité, les thèses qui se sont heurtées et entre lesquelles on a vainement cherché un compromis.

M. Poincaré s’était proposé de soumettre à la Conférence un ample programme (comportant un règlement des dettes et un projet de reconstruction financière. Sur ce terrain plus large un accord aurait été plus aisé et plus fécond. La note signée de lord Balfour, mais inspirée par M. Lloyd George, coupa court à un tel dessein et rendit le désaccord inévitable. M. Poincaré se borna donc à proposer un certain nombre de mesures, non pas coercitives, mais productives, que les experts furent chargés d’étudier et dont les principales étaient les suivantes. Prélèvement de 26 pour 100 sur les