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exportations allemandes et saisie des douanes aux frontières ; les experts à l’unanimité se prononcèrent pour l’adoption. — Contrôle des mines fiscales et exploitation des forêts domaniales ; les experts en admirent le principe, tout en rejetant l’idée de gestion directe et en concevant, le contrôle comme destiné à assurer les livraisons en nature de charbon et de bois. — Prélèvement de 60 pour 100 du capital-actions des fabriques de matières colorantes que les matières premières et l’outillage qu’elles emploient permettent de transformer rapidement en usines de gaz asphyxiants ; les experts ne l’admirent pas, non plus que le projet de perception directe des impôts dans les régions occupées. — Établissement d’un cordon douanier sur le Rhin et d’une ligne douanière englobant le bassin industriel de la Ruhr ; les Anglais combattirent vivement ce projet et furent appuyés par les Italiens et les Belges ; ceux-ci craignaient que l’établissement de douanes sur le Rhin ne détournât le commerce allemand sur Rotterdam aux dépens d’Anvers.

Le rapport des experts, rédigé par M. Bemelmans, n’excluait donc pas toute possibilité d’un accord par mutuelles concessions ; l’ingénieuse activité des Belges s’employa à proposer d’autres gages pour remplacer ceux que la commission rejetait. Vains efforts : au moment où les experts semblent plus près de s’entendre, les premiers ministres sont moins disposés à s’accorder. Malgré la renonciation des Français à plusieurs points de leur programme, il fut impossible de décider M. Lloyd George à des concessions équivalentes ; ses contre-propositions, au premier abord séduisantes, n’étaient qu’un trompe-l’œil, puisqu’elles n’apportaient en réalité ni une garantie nouvelle, ni un gage nouveau ; elles montraient bien où git le désaccord irréductible. M. Lloyd George admet que, dans la mesure de ses capacités, l’Allemagne doit payer, mais il se fie, pour l’y amener, aux moyens de persuasion ; toute mesure qui ressemble à une contrainte, toute garantie qui pourrait entrainer l’emploi de la force, tout gage qui parait empiéter sur la pleine indépendance du Gouvernement du Reich, le trouve radicalement hostile. Il a foi en la magie de son éloquence pour inculquer aux Allemands le respect de leurs obligations, dont il admet comme nécessaire une très importante réduction ; son ambassadeur, lord d’Abernon, qui, dès son arrivée à Berlin, prit le rôle agréable de protecteur de l’Allemagne contre les exigences des vainqueurs, le persuade de la bonne volonté et de l’impuissance de l’Allemagne à tenir ses engagements. En aucun cas, le Gouvernement britannique