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Il fallait que l’Administration se retirât des domaines qu’elle avait envahis. Les lignes télégraphiques et téléphoniques et les câbles avaient été rendus à la propriété privée dans l’été de 1919 ; mais, au début de 1920, les chemins de fer étaient encore aux mains du Gouvernement, sans qu’aucun accord fût intervenu pour leur restitution. Le 24 décembre, le président Wilson avait lancé une proclamation fixant au 1er mars 1920 la date où les chemins de fer devaient faire retour à leurs propriétaires, Sans doute, les deux années de gestion gouvernementale correspondaient à des difficultés exceptionnelles, et c’est une circonstance largement atténuante qu’il ne faut pas oublier. Le fait n’en restait pas moins que le bilan se soldait par un déficit de 200 millions de dollars pour 1918, et, dans les dix premiers mois de 1919, ce déficit s’était élevé jusqu’à 192 millions. Cette situation ne pouvait que s’aggraver par les conditions nouvelles de l’exploitation, puisque les dépenses augmentaient de plus de 80 pour 100, tandis que les revenus croissaient seulement de 40. Comme le Gouvernement, en prenant les chemins de fer, avait assuré les propriétaires que leurs intérêts seraient scrupuleusement servis, il ne pouvait être question de les leur rendre avec la charge d’un énorme déficit et de 30 pour 100 de leur capital sans dividende.

Des plans opposés furent présentés pour la solution du problème. Le plus radical était le « plan Plumb » qui se ramenait, en somme, à la nationalisation. M. Glen E. Plumb, avocat des employés des chemins de fer, proposait en effet l’achat de l’exploitation par le Gouvernement au moyen d’une Société composée d’un tiers d’employés, d’un tiers d’administrateurs, et d’un tiers de membres nommés par le Président. Le Gouvernement recevrait 5 pour 100 des revenus et la moitié de l’excédent irait aux employés. Si l’exploitation, au lieu d’un excédent, se soldait par un déficit, il y serait pourvu par l’impôt. Les conflits du travail seraient réglés par les bureaux de salaires.

Le 19 novembre 1919, le projet de loi Esch passa à la Chambre. Il préparait le retour immédiat des chemins de fer à la propriété privée, avec des mesures financières qui sauvegardaient les intérêts de l’Etat et permettaient aux compagnies de reprendre leur exploitation, assurait le règlement des conflits du travail par des Commissions arbitrales. Finalement, en décembre 1919, le Sénat vota le projet Cummins, qui divisait le