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pays en « régions » de chemins de fer, et fusionnait toutes les lignes en dix-huit ou vingt réseaux. Les revenus devaient être mis en commun pour chaque région, les chemins de fer qui feraient des bénéfices payant pour ceux qui n’en feraient pas. II y avait tant d’écart entre les deux projets qu’un compromis entre les deux Chambres semblait difficilement réalisable avant le terme prévu par le Président pour la gestion gouvernementale.

On y parvint pourtant, et la Chambre adopta, le 21 février, par 250 voix contre 150, le Sénat le 23, par 47 voix contre 17, un projet Cummins-Esch, qui devenait ainsi, après que le Président l’eut signé le 28, la loi de 1920 sur les transports. Deux jours plus tard, les chemins de fer retournaient à leurs anciens propriétaires. La disposition essentielle de cette importante loi organique consiste dans l’accroissement des pouvoirs de la Commission du commerce entre les Etats de l’Union, élevée à onze membres et chargée de fixer les tarifs et de contrôler la concession des garanties. La loi crée en outre une Commission du travail des chemins de fer, Railway Labor Board, chargée de régler les conflits du travail et composée de neuf membres nommés par le Président : trois choisis parmi les employés, trois choisis par les actionnaires, trois pris dans le public. Une majorité de cinq est nécessaire pour toute décision valable ; de plus, cette majorité devra obligatoirement comprendre au moins un des trois membres qui représentent le public.

L’Interstate Commerce Commission se trouve ainsi l’arbitre incontesté du réseau national. Une question intéressante se pose à cet égard, qui n’est autre que la grande question américaine des relations de pouvoirs entre l’Union et les Etats. Il y a, en effet, des commissions officielles des chemins de fer dans chaque État. Comment leur autorité s’ajustera-t-elle avec l’Interstate Commerce Commission, qui a juridiction sur tout le pays ? En viendra-t-on à donner aux chemins de fer des chartes d’incorporation fédérale, qui les pourraient soustraire aux juridictions d’État ? Ce ne serait pas la première fois que l’histoire des États-Unis aurait à enregistrer une conquête de la centralisation dans le pays qui y répugnait le plus et semblait le mieux défendu contre elle par l’origine et la nature même de ses institutions. C’est encore une des conséquences de la crise de guerre aux Etats-Unis.

Le problème économique se trouvait pris, comme toujours,