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LITTÉRATURES ÉTRANGÈRES

LA VRAIE HISTOIRE
DE
GŒTHE ET BETTINA[1]

Tout le monde a lu le charmant Lundi de Sainte-Beuve sur la correspondance de Goethe et de Bettina. Ces fameuses Lettres à un enfant, publiées à Berlin en 1835, trois ans après la mort du poète, par la veuve d’Achim von Arnim, eurent aussitôt dans toute l’Europe un retentissement immense, qu’explique leur agrément, non moins que l’intérêt de la figure illustre qui venait de disparaître. C’est la première en date de ces publications qui livrent en pâture à la curiosité les dessous et les secrets de la vie des grands hommes. Le livre, traduit chez nous dès 1843, devint presque aussi populaire en France qu’en Allemagne, et n’a plus cessé de passer pour un des monuments les plus curieux de l’âge romantique.

On savait cependant, dès le temps de Bettine, que son livre était fort sujet à caution, et que beaucoup de choses devaient y être prises sous bénéfice d’inventaire. Hermann Grimm relevait dans les marges de son exemplaire des traces de ce truquage, et le critique anglais de la Quarterly Review traitait tout net

  1. Bettinas Briefwechsel mit Gœthe, auf Grund ihres handschriftlichen Nachlasses, zum ersten Mal hgg. von Reinhold Steig, 1 vol. in-8, avec un portrait en couleurs et cinq fac-similé de dessins et d’autographes, Leipzig, Insel-Verlag, 1922.