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comme des signes de l’humeur particulière de Jupiter. La physique les a ramenés à n’être plus que des décharges électriques où la volonté de l’Olympe n’intervient plus comme facteur direct. Si cela eût été expliqué ainsi par les physiciens il y a vingt siècles, il est évident que la croyance religieuse des Romains en Jupiter, — sinon en Jupiter tonnant, — aurait pu n’en être nullement ébranlée.

A propos de l’interprétation positive et physiologique des phénomènes métapsychiques qu’a esquissée le professeur Richet. il convient d’ailleurs d’observer que d’autres grands savants se rallient décidément à l’interprétation opposée, à l’interprétation spirite. Parmi eux il faut ranger en première ligne l’illustre physicien anglais Sir Oliver Lodge, dont les travaux, en électricité notamment, sont célèbres, et qui, dans la voie ouverte par notre Branly, a été un des premiers et des plus utiles réalisateurs de la télégraphie sans fil, par la construction de ses « cohéreurs. »

Une discussion très intéressante et d’ailleurs fort courtoise vient de se produire entre les professeurs Lodge et Richet [1]. A celui-ci qui écrivait que la théorie spirite est « prématurée ; probablement elle est erronée..., fragile, inconsistante, incohérente, » Sir Oliver Lodge a répondu avec une sorte de lyrisme mystique, en se cantonnant dans sa première manière de voir.

Voici quelle était alors sa conclusion : « Nous en appelons aux faits qui établissent la vérité de ce que nous avançons. Nous regardons, comme disait Myers, non en arrière vers une tradition qui s’évanouit, mais en avant vers l’expérience qui se lève. Nous espérons que l’intercommunication, maintenant enfin sciemment commencée, — quoique par la bouche des enfants et en discours confus et bégayants, — entre les âmes incarnées et désincarnées pourra, par un long effort, se muer en une communion claire et directe, grâce à laquelle ces dernières seront en état de nous enseigner tout ce que nous voudrons. »

J’ai cité ce texte parce qu’il nous fait toucher du doigt une des difficultés qui se présentent dès qu’on veut aborder la discussion de ce domaine phénoménal singulier qui nous occupe aujourd’hui. J’ai lu maintes fois des mémoires scientifiques de Sir Oliver Lodge, touchant à des questions d’électricité, de relativité, de radioactivité, d’astronomie. Le style en est toujours parfaitement objectif et calme, et jamais on n’y voit le ton s’exalter comme dans le passage que nous

  1. Revue métapsychique, 1921, n° 8 ; 1922, n° 2, 3, 4.