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Chronique 14 septembre 1922

CHRONIQUE DE LA QUINZAINE

Les historiens de Rome nous racontent que Scipion l’Africain, harcelé sur le Forum par ses adversaires politiques, s’écria : « Citoyens, c’est l’anniversaire du jour où, dans les champs de Zama, j’ai vaincu Annibal et sauvé la République. Allons au Capitole rendre grâce aux Dieux ! » En cette première quinzaine de septembre, où nous commémorons le grand souvenir de la bataille de la Marne qui sauva la France et l’Angleterre, le droit et la civilisation, il nous plait de constater quelque apaisement dans l’âpre mêlée des passions et des intérêts, quelque progrès vers l’entente et la mutuelle compréhension. On entrevoit s’approcher l’heure des solutions réparatrices ; on espère éviter la phase pénible de l’action isolée.

Nous avons laissé, il y a quinze jours, la Commission des réparations attendant le retour de sir John Bradbury et de M. Mauclère, ses délégués à Berlin. Ils revinrent le 26 août, les mains vides. Les Allemands n’avaient offert aucun gage positif ; ils n’avaient parlé, à la dernière heure, que des prestations en nature pour lesquelles les industriels offraient leur concours. Les délégués rapportaient du moins les « informations indispensables » qu’ils étaient allés chercher ; ils avaient pu juger l’état économique et financier désastreux, le Gouvernement très ébranlé et d’autant plus résolu, pour se concilier la droite, à se dérober à tout paiement. Sa thèse, exposée dans un communiqué impudent le 28 août, au moment du départ de la Commission, est que la débâcle du mark « est provoquée uniquement par la politique de menaces et de rétorsions ; » si le moratorium qu’il a demandé le 12 juillet lui était accordé, la stabilité pourrait se rétablir et la possibilité des paiements renaître.

Dès le soir du 26 août, la Commission des réparations ouvrit ses délibérations en écoutant le rapport de ses délégués. Les débats furent longs, approfondis ; ils ne se terminèrent que le 31 à dix-neuf