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Moscou le bolchévisme s’en réjouit, et que partout s’en accroît le désordre et l’anarchie, c’est un sentiment d’amertume et de poignant regret qui remplit nos cœurs. Voilà ce qu’il faut bien que nos amis d’Angleterre comprennent, et voilà pourquoi une note comme celle de M. Poincaré, en rétablissant certains faits, est utile et finalement bienfaisante : on ne s’accorde pas dans l’équivoque.

Les origines de cette campagne universelle contre la France sont difficiles à démêler ; on aperçoit les fils, on ne débrouille pas l’écheveau. Diplomaticus (le professeur Stein) écrit, dans la Gazette de Berlin à midi, organe de la haute finance, cette phrase qui porte loin : « L’internationale financière a démontré que sa puissance était plus forte que le sabre français. La Cité et Wall-Street ont réussi à empêcher le militarisme français de pénétrer dans la Ruhr. A la menace de Poincaré, les financiers ont répondu par celle de jeter le franc français sur le marché pour le déprécier comme le mark. » Ne serions-nous pas ici au cœur du problème ? Ne toucherions-nous pas les moteurs secrets des discordes européennes ? N’existe-t-il pas des puissances financières qui ont intérêt à maintenir les dissentiments, à aggraver la crise monétaire pour faire durer la spéculation sur les changes ? Certaines puissances d’argent et certaines forces de révolution agissent parfois comme si un même intérêt les guidait aux dépens de la justice et de la paix.

Au moment où notre Gouvernement vient de donner, par l’acceptation de la proposition belge, une nouvelle preuve de son esprit de conciliation, jamais la campagne pangermaniste ne s’est déchainée plus violemment contre la France et M. Poincaré. Les journaux de droite, sans se tenir pour satisfaits, veulent cependant faire du vote de la Commission des réparations un échec pour le Président du Conseil. Dans la presse allemande, la campagne recommence contre l’occupation française sur le Rhin : la propagande allemande à l’étranger, — en Suède par exemple, — déploie tout son zèle. Si les troupes alliées n’étaient plus en Rhénanie, il serait bien plus facile de s’affranchir de tout paiement de réparations. On reparle des troupes noires. Ces excitations engendrent naturellement des troubles et provoquent des incidents. A Dantzig, des marins français sont houspillés, roués de coups ; dans le paisible Tyrol, on incite les montagnards à boycotter les voyageurs français. A force de répéter les mêmes mensonges, ils finissent par pénétrer, par s’imposer. Au Congrès catholique de Munich, à l’assemblée du Volksverein (Association populaire), a été votée à l’unanimité une résolution protestant contre l’affirmation que