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nous trois francs, et une bague en brillant à l’officier qui commandait le détachement.

Un matin, le 3 juin, quelques jours après le couronnement, la générale fut battue dans les cours de la citadelle bien longtemps avant l’heure et la batterie du réveil. S’habiller, s’armer et se former, tout cela fut l’affaire d’un instant. On se rendit sur la place de l’Esplanade où se trouvait Napoléon. Après quelque temps d’exercice, il ordonne de charger les armes réellement pour faire l’exercice à feu. On lui observe qu’on n’a que des cartouches à balle : cela ne fait rien, on les déchirera du côté de la balle. Les manœuvres commencent, des feux de tous genres sont exécutés devant des milliers de personnes qui étaient venues pour être témoins de ce spectacle matinal qui avait lieu devant les premières maisons de la ville. Eh bien ! malgré la précipitation qu’on y mettait, on n’eut pas à déplorer un seul malheur, pas un soldat n’oublia d’exécuter l’ordre qui lui avait été donné de déchirer la cartouche du côté du projectile. Ce fait prouve la confiance de l’Empereur dans le dévouement de sa Garde, le sang-froid et l’adresse des militaires qui la composaient, car l’Empereur était souvent en avant des feux et surveillait l’exécution des mouvements.

Le 8 juin eut lieu la nomination du prince Eugène comme vice-roi d’Italie et la création de l’ordre de la couronne de fer. Le ruban était jaune orange liséré de vert ; la cocarde nationale était rouge, blanche et verte en trois bandes.

Enfin, après plusieurs parades et revues passées soit par l’Empereur, soit par des maréchaux, nous quittâmes Milan le 22 prairial (11 juin) pour retourner à Paris.

Rentré à Paris le 18 juillet, et caserné à l’École militaire, Barrès n’y séjourna que quelques jours.

Quelque temps après notre arrivée, les deux bataillons qui venaient de Milan, comptant 4 compagnies chacun, furent réduits à un seul bataillon de 6 compagnies. Celle dont je faisais partie devint la sixième. Ce bataillon prit le nom de bataillon d’expédition. Cette organisation fut longue, tracassière, extrêmement ennuyeuse. Ce ne fut pendant plusieurs jours qu’inspections, revues, parades ; on ne savait qu’inventer pour nous tourmenter et nous faire désirer la guerre qu’on appelait à grands cris, comme le soulagement que nous pouvions réclamer.

Enfin l’ordre tant souhaité arriva : nous devions partir