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que beaucoup de généraux qui, quoique jeunes, comptaient de belles actions et de hauts faits d’armes.

Le 26 mai eut lieu le couronnement qui n’eut pas l’éclat de celui de Paris, mais qui n’en fut pas moins beau. Nous bordâmes la haie dans deux quartiers différents pour le passage de l’Empereur, lorsqu’il se rendit à l’église Saint-Ambroise pour poser la couronne de fer sur sa tête, et lorsqu’il rentra au palais après la cérémonie terminée. Le couronnement se fit le matin dans l’église métropolitaine. La troupe resta massée autour de la cathédrale, l’Empereur s’étant rendu à pied de son palais à l’église par une élégante galerie construite exprès pour cette grande solennité. La cérémonie du soir eut principalement pour but de le montrer an peuple dans tout l’apparat de la majesté royale. Avec l’Empereur étaient l’Impératrice, les princes Joseph et Louis Napoléon, le prince Murat, le prince Eugène, plusieurs maréchaux et généraux, les ministres du royaume, les grands et les personnes des deux cours qui précédaient, suivaient, ou entouraient les voitures du cortège. Un temps superbe favorisa cette imposante cérémonie et en augmenta l’éclat.

Il y eut ensuite une succession de fêtes brillantes ; je vis Garnerin s’enlever dans les airs ; des courses en chars me donnèrent une idée des célèbres Olympiades ; un feu d’artifice immense occupait tout le sommet de la façade de la citadelle du côté de la ville. L’illumination du dôme de la cathédrale surpassa toutes les autres, qui furent nombreuses, par son éclat et l’immensité de ses feux ; des jeux de toute espèce eurent lieu sur la place plantée d’arbres et entourée de magnifiques palais. Je vis là le plan de la bataille de Marengo, à une heure donnée de la journée, en relief et sur une grande échelle : tous les corps des deux armées y figuraient sur l’emplacement qu’ils occupaient au moment de l’action que le tableau représentait. Ces brillantes fêtes durèrent plusieurs jours et furent très suivies.

Dans les premiers jours de juin, le doge de Gênes, Gérôme Durazzo, vint apporter à l’Empereur le vœu du Sénat et du peuple de Gênes pour la réunion de la République ligurienne à l’Empire français. Je faisais partie de la garde d’honneur qui lui fut envoyée. Mais cette puissance déchue refusa cet honneur et renvoya sur le champ cette garde. Il fit remettre à chacun de