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reconquise et reconnaissante. Dans cette circonstance, un soldat de l’Empereur, un guerrier de la Grande Armée avait des titres à mériter les grands saluts qu’on lui faisait.

12 novembre. — A moitié chemin de Saint-Poelten à Burkesdorf, nous rencontrâmes les magistrats de Vienne qui venaient implorer l’Empereur de ménager la capitale et leur Souverain, et lui offrir les clés de la ville. L’Empereur nous suivait de près ; le 4e corps et la Garde s’arrêtèrent, se formèrent en bataille, et présentèrent les armes à son passage. L’entrevue terminée, on se remit en marche pour se rendre au logement désigné pour cette journée.

Depuis le Rhin, toutes les fois que Sa Majesté nous rencontrait en route, nous nous arrêtions pour lui rendre les honneurs militaires, et la saluer de nos acclamations. Tous les corps de l’armée en faisaient autant, à moins d’ordre contraire. Souvent, dans ces revues inattendues, l’Empereur complimentait les régiments qui s’étaient distingués dans une affaire récente, complétait les cadres et distribuait des décorations. C’était une circonstance fortuite qui était vivement désirée, et qui satisfaisait bien des désirs.

13 novembre. — A Schœnbrunn, château impérial de plaisance, à une lieue de Vienne.

L’avant-garde de la Grande Armée prit possession de Vienne dans la matinée et s’empara par audace et surprise du pont du Thabor sur le Danube, ce qui nous permit d’entrer de suite dans la Moravie et, de balayer la rive gauche.


AUSTERLITZ

Parti le 16 de Schœnbrunn, Barrès, le 30, se trouve, au bivouac, à deux lieues de Brunn, à gauche de la route d’Olmutz sur le penchant d’une colline peu élevée.

1er décembre. — En avant de la position que nous occupions, était un mamelon armé de canons. Le bivouac de l’Empereur était entre nous et ce mamelon. Après le mamelon était une plaine de peu d’étendue, légèrement inclinée vers un ruisseau qui coulait de gauche à droite. Cette plaine très longue dans le sens du cours du ruisseau était dominée par des hauteurs qui commençaient sur l’autre rive et s’étendaient depuis des bois à gauche jusqu’à des marais et étangs à droite.